Régulièrement dénoncée pour le mauvais état de plusieurs de ses 444 écoles primaires, la ville de Marseille avait adopté ce plan avec l'objectif de démolir les 32 écoles de type Pailleron de la cité phocéenne, d'en reconstruire 28 et de bâtir six autres groupes scolaires en six ans.
Adopté en conseil municipal en octobre 2017, le partenariat public-privé (PPP) avait très vite soulevé de multiples oppositions. Mardi, le tribunal administratif a décidé de l'annuler, suivant les conclusions de sa rapporteure publique Lison Rigaud. "Il est difficile de conclure que le recours au PPP présente un bilan plus favorable que le recours à une maîtrise d'ouvrage publique" classique, avait-elle estimé lors de l'audience du 29 janvier.
Mardi, le chef de la majorité LR au conseil municipal Yves Moraine, proche de M. Gaudin, a estimé que le tribunal administratif s'était "focalisé sur un critère financier" et avait rendu "un jugement d'opportunité plus que de droit". Ce jugement contredit "ce qui avait été décidé par des experts indépendants de la ville de Marseille", notamment des "spécialistes de Bercy" qui avaient, selon lui, donné leur feu vert à ce PPP, a-t-il estimé. "Nous sommes enclins à interjeter appel", a ajouté M. Moraine.
"Cette victoire est historique. C'est la première fois que les Marseillais obtiennent une victoire aussi nette sur les décisions injustes de la ville", a réagi de son côté Benoît Payan, chef de file des socialistes au conseil municipal, appelant justement la ville à ne pas faire appel.
Appels à la démission
Sur Twitter, le conseiller municipal communiste Jean-Marc Coppola a demandé "d'urgence un audit sur les 444 écoles pour un grand plan de rénovation avec aide de l'État et de l'UE". Même demande de la sénatrice PS Samia Ghali car le jugement démontre selon elle que "le maire ne peut plus avoir raison seul, contre le reste du monde". "L'erreur aura été de se précipiter devant l'urgence réelle sans prendre le temps de l'audit", a aussi estimé la députée LREM de Marseille Alexandra Louis.
Cette annulation est un nouveau coup dur pour Jean-Claude Gaudin, à la tête de la ville depuis 1995 et dont la fin de mandat est déjà entachée par l'effondrement, le 5 novembre dernier, de deux immeubles du centre-ville, qui a fait huit morts et révélé l'ampleur du problème de l'habitat insalubre et des dysfonctionnements dans la rénovation urbaine.
Pour la première fois, après de 23 ans de mandat, le maire a essuyé, à plusieurs reprises, les quolibets de milliers manifestants, réclamant, sous les fenêtre de l'hôtel de ville, sa démission.
A moins de deux ans des municipales, les déboires de la municipalité sortante ont relancé les critiques de l'opposition sur "l'immobilisme" du maire.
"Depuis un quart de siècle, vous inventez une ville de carte postale qui n'existe pas, plutôt que de vous occuper de ceux qui y vivent", avait fustigé M. Payan lors d'un des derniers conseils municipaux. "C'est la faillite d'une équipe, de vos choix politiques", a-t-il asséné.
A droite, la crise a précipité la course pour la succession de Jean-Claude Gaudin, qui ne se représente pas.
Un seul candidat s'est officiellement déclaré, le sénateur LR Bruno Gilles, mais la patronne du conseil général, Martine Vassal, "ne s'interdit rien". Le plus virulent au sein de la classe politique locale reste l'actuel président de la région Renaud Muselier, qui n'hésite pas à qualifier le maire de "fossoyeur" et n'a jamais, lui non plus, écarter totalement l'idée d'une candidature.