Après sa mise à l'arrêt pendant le confinement et son redémarrage progressif enclenché en mai, l'économie française va se redresser nettement: la croissance devrait rebondir d'environ 14% au troisième trimestre par rapport au deuxième, anticipe la Banque de France dans une note publiée lundi soir.
Elle tirera profit de la poursuite de la normalisation de l'activité, suivant les mois de perturbations provoquées par l'épidémie de coronavirus, qui a mis a genoux l'économie française et mondiale.
En juillet, le niveau de l'activité en France devrait continuer à se normaliser "mais à un moindre rythme, une grosse partie du rebond ayant déjà eu lieu à la suite des mesures de déconfinement en mai et en juin", précise l'institution monétaire, qui évoque une courbe de reprise "en aile d'oiseau", avec un fort rebond initial qui s'aplanirait ensuite progressivement.
La perte d'activité par rapport à une situation "normale" serait de l'ordre de 7% en juillet, contre 9% le mois précédent, 17% en mai, 27% en avril et 32% en mars, lors de la mise en place du confinement, particulièrement strict en France.
Si la tendance de juillet se maintenait en août et en septembre, la croissance trimestrielle rebondirait de 14%, ce qui ne suffirait toutefois pas à compenser le décrochage vertigineux, subi les mois précédents, en raison de la mise en place des mesures pour freiner la propagation du coronavirus, qui a provoqué près de 30.000 décès dans l'Hexagone.
Au premier trimestre, le Produit intérieur brut (PIB) a reculé de 5,3% selon l'Insee.
Sur les trois mois suivants, il s'est encore contracté de 14%, selon la Banque de France, qui tablait précédemment sur une chute de 15%. Cette légère amélioration s'explique par une activité plus dynamique qu'espérée initialement.
"Je ne dis pas du tout que nous soyons sortis d'affaire, c'est une crise très grave. En plus, ses effets sur l'emploi sont décalés dans le temps, donc ils sont à venir, mais la reprise se passe au moins aussi bien que nous l'avions prévu, et même un peu mieux", a commenté dimanche sur LCI François Villeroy de Galhau, gouverneur de l'institution.
Forte contraction du PIB sur l'année
En juin, l'activité a continué de se redresser dans l'industrie, en particulier dans l'automobile et dans les transports.
La reprise est également marquée dans le bâtiment, avec un niveau d'activité qui se rapproche de la normale. Toutefois, les prévisions du secteur restent en demi-teinte et le niveau des carnets de commandes s'effrite, prévient la Banque de France.
Quant aux services, ils progressent mais de façon très inégale. Certains secteurs ont retrouvé un niveau d'activité "quasi-normal", comme les services informatiques, tandis que d'autres restent à la traîne, tels que la restauration et surtout l'hébergement.
Malgré ces nouvelles globalement encourageantes, la Banque de France a confirmé sa prévision annuelle d'une chute du PIB de 10% en 2020. Il s'agit d'une estimation un peu plus optimiste que celle du gouvernement (-11%) ou que celle du Fonds monétaire international (-12,5%).
L'Insee, de son côté, n'a pas publié de prévision annuelle sur l'ampleur de la récession, en raison du fort degré d'incertitude.
Mais quel que soit le chiffre, il s'agira de la plus forte récession de la France depuis 1945.
En ce qui concerne la prévision de la Banque de France, celle-ci pourrait être "légèrement" améliorée si le niveau d'activité se maintenait dans les prochains mois et que l'épidémie de coronavirus restait sous contrôle. L'institution fera le point sur la question en septembre.
Elle a déjà prévenu qu'il faudrait du temps pour que l'économie française se remette de la pandémie et retrouve son niveau d'avant-crise, estimant que cela devrait se produire au cours de l'année 2022.