Les premiers mois de 2019 semblent confirmer le coup d'arrêt observé en 2018 après l'essor des années 2016 et 2017, alors même que le gouvernement avait promis de relancer l'offre, tout en rappelant en janvier, par la voix du ministre du Logement Julien Denormandie, que 2017 avait été "exceptionnelle".
Le nombre de permis de construire délivrés est revenu à 100.600 au premier trimestre 2019, soit 8,9% de moins que sur la même période un an plus tôt, même si la chute est moins rapide que les -12,5% de la période entre décembre 2018 et février 2019.
Les mises en chantier diminuent
Quant au nombre de mises en chantier, il s'est contracté de 7,8% par rapport au premier trimestre de 2018, à 90.300 unités. Les mises en chantier de logements individuels diminuent de 7,4%: -8,2% dans l'individuel pur et -5,0% dans l'individuel groupé.
L'individuel pur correspond aux maisons individuelles résultant d'une opération de construction ne comportant qu'un seul logement, tandis que l'individuel groupé regroupe les maisons individuelles résultant d'une opération de construction comportant plusieurs logements individuels ou un seul logement individuel avec des locaux.
Moins de permis obtenus
"Les chiffres du ministère confirment le constat des promoteurs sur le terrain : moins de permis obtenus, moins de densité autorisée, donc moins de logements par programme. Et des chantiers plus difficiles à lancer, car les entreprises du BTP peinent à répondre à la demande, sont peu disponibles et augmentent leurs prix", observe auprès de l'AFP la Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI).
"C'est d'autant plus frustrant que la demande est bien là: nous manquons de logements à vendre, pas de clients", conclut-elle.
En 2018, les permis de construire s'étaient élevés à 460.500 unités, soit une baisse de 7,1% par rapport à 2017, selon les chiffres du ministère de la Cohésion des Territoires. Le nombre de mises en chantier avait reculé de 7,0% à 398.100, repli accentué par une chute de presque 20% sur le seul dernier trimestre.
A ce niveau, le logement neuf reste bien supérieur à son plus récent plancher, atteint à moins de 350.000 nouveaux logements en 2015, mais la construction subit un net coup d'arrêt après deux années d'essor alors même que l'actuel gouvernement avait promis de relancer l'offre.
Dans sa dernière note de conjoncture immobilière, datée d'avril, le réseau des Notaires de France avait estimé qu'il "devient plus délicat d'afficher de la confiance dans le marché du neuf, trop souvent ballotté au gré de dispositifs fiscaux parfois ondoyants".
Depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, le gouvernement a réduit plusieurs aides à la propriété dans le neuf. Il en a supprimé certaines, comme l'APL accession, et recentré d'autres, comme le prêt à taux zéro (PTZ) qui doit être réservé aux zones les plus tendues en matière de logement.
Autre écueil, pour l'année 2019: "l'approche de périodes électorales", qui ne sera "pas de nature à encourager le positionnement des investisseurs", poursuivent les notaires de France, selon qui "de nombreuses autorisations de construire sont gelées dans l'attente des prochaines élections". Or les élections municipales, qui rendent timides les élus locaux selon les professionnels, n'auront lieu qu'en 2020.