Annulation d'événements, secteur du tourisme en plein marasme dans les lieux habituellement très fréquentés par les voyageurs chinois, industries en rupture d'approvisionnement en provenance de Chine: le nouveau coronavirus commence à peser sur de nombreuses entreprises.
"Nous répondrons aux besoins de tous les chefs d'entreprise, sans exception", a assuré mardi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, après avoir réuni à Bercy, pour la deuxième fois en deux semaines, des représentants des entreprises.
"Les premiers touchés sont les secteurs du tourisme, celui des salons et expositions et des commerces de luxe", a indiqué à l'AFP Pierre Goguet, président de l'organisation nationale des chambres de commerce et d'industrie CCI France.
Citant l'exemple des villes de Tarbes et Lourdes (Hautes-Pyrénées) qui voient les pèlerins se raréfier, il avance que le secteur de l'hôtellerie-restauration a enregistré "jusqu'à 30%" de baisse de réservations.
Avant même que la lutte contre le virus ne passe en phase 2 en France, Bercy avait mis en place plusieurs mesures de soutien, comme des étalements de charges ou des dispositifs d'activité partielle. La semaine dernière, il avait aussi annoncé que le virus serait considéré comme "cas de force majeure" pour les entreprises ayant des contrats dans le cadre de marchés publics, leur permettant d'éviter des pénalités en cas de retard de livraison.
Mardi, le gouvernement a encore renforcé son soutien avec l'activation de la cellule de continuité économique, sorte de cellule de crise, qui permet au ministère de gérer en temps réel l'impact de l'épidémie en lien avec les secteurs concernés.
Cette cellule avait déjà été activée durant la crise des "gilets jaunes" et pendant l'épidémie de grippe H1N1 en 2009.
Bpifrance a aussi été appelée à la rescousse: la banque publique d'investissement va garantir fortement les prêts que des PME auraient besoin de souscrire pour soutenir leur trésorerie. Les PME pourront aussi faire appel à la médiation du crédit afin d'être accompagnées pour rééchelonner leurs crédits.
Peut-être pas suffisant
A l'heure actuelle, "on n'a pas de remontées alarmantes ou alarmistes du tout du monde des PME ou des entreprises de taille intermédiaire", a toutefois voulu rassurer le président de Bpifrance Nicolas Dufourcq sur BFM Business, tablant notamment sur un redémarrage du secteur de la logistique et du transport maritime "dans les 15 jours".
"Nous avons voulu apporter une réponse immédiate et puissante pour les entreprises (...). Nous considérons qu'il faut mettre le paquet tout de suite", a insisté Bruno Le Maire. "Notre responsabilité, c'est de faire en sorte que cet impact soit le plus limité possible et que l'activité économique puisse redémarrer après le virus dans les meilleurs délais possibles."
Les annonces faites ce jour sont "bien ciblées, mais risquent de ne pas être suffisantes si la situation perdure", a réagi auprès de l'AFP François Asselin, le président de la Confédération des PME (CPME). Il demande "que soit étudié l'extension du risque de catastrophe naturelle à celui d'un risque sanitaire."
Même son de cloche du côté du Medef, qui se dit "satisfait" des mesures annoncées, mais qui prévient dans un communiqué que des mesures "plus vigoureuses" comme des "dégrèvements de charges" seront nécessaires si la crise s'aggrave encore.
Bruno Le Maire souhaite que l'Eurogroupe mette "sur la table" une riposte budgétaire au coronavirus
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a souhaité que l'Eurogroupe, dont une réunion téléphonique est prévue mercredi sur l'impact du coronavirus, mette "sur la table la possibilité de recourir à "l'instrument budgétaire" pour relancer l'économie.
"Je souhaite que nous mettions sur la table la possibilité de recourir à l'instrument budgétaire si nous nous apercevions d'ici quelques semaines que la croissance de la zone euro est vraiment durement touchée", a affirmé le ministre sur BFM Business quelques heures avant la réunion, et au lendemain d'une spectaculaire décision de relance de la banque centrale américaine (Fed).
"La meilleure arme aujourd'hui n'est pas la politique monétaire", a-t-il assuré.
M. Le Maire a rappelé que la possibilité de recourir à la relance budgétaire figurait sur le communiqué diffusé la veille par le G7, le groupe des sept économies les plus riches (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie et Japon).
"J'espère que cet instrument figurera dans le communiqué d'aujourd'hui de l'Eurogroupe", a ajouté M. Le Maire. "C'est vrai que le débat porte là-dessus", a-t-il ajouté, laissant entendre que les 19 pays de la zone euro n'étaient pas forcément d'accord d'inclure cette mention dans le texte qu'ils diffuseront après leur réunion.
Depuis plusieurs années, les institutions internationales comme le FMI et l'OCDE et des pays comme la France appellent régulièrement l'Allemagne à procéder à une relance budgétaire pour redresser l'économie de la zone euro.