Principaux points de la conférence de presse d'Emmanuel Macron à l'Elysée
Baisse "significative" de l'impot sur le revenu
Emmanuel Macron a clamé son intention de réduire "significativement" l'impôt sur le revenu, à hauteur de 5 milliards d'euros. "Il me semble que la meilleure orientation pour répondre aux besoins de justice fiscale n'est pas d'augmenter les impôts de tel ou tel, mais plutôt de baisser les impôts pour un maximum de nos concitoyens, en particulier pour celles et ceux qui travaillent", a-t-il affirmé, en se référant spécifiquement aux classes moyennes.
M. Macron a également défendu la suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) dès le début de son quinquennat, une mesure souvent critiquée lors du grand débat et lors des manifestations des "gilets jaunes".
"Travailler davantage" par l'allongement de la durée de cotisation
Afin de financer la baisse d'impôt, M. Macron a confirmé vouloir supprimer "certaines niches fiscales pour les entreprises", tout en affirmant "la nécessité de travailler davantage" et "des réductions de notre dépense publique", a-t-il ajouté.
Le président de la République a précisé qu'il n'envisageait pas de supprimer un jour férié supplémentaire pour financer cette baisse d'impôts. Il a aussi ajouté qu'il ne comptait pas revenir sur l'âge légal de départ à la retraite, privilégiant la piste menant à l'allongement de la durée de cotisation.
Les retraites reindéxées
Le président de la République a annoncé que les retraites "de moins de 2.000 euros" seront réindexées sur l'inflation en 2020, mesure attendue, mais aussi qu'aucune pension n'augmentera moins vite que les prix à partir de 2021.
Emmanuel Macron a par ailleurs souhaité que "la retraite minimale" pour une carrière complète soit portée à 1.000 euros, un montant selon lui "significativement supérieur" au minimum vieillesse qu'il a promis de relever à 900 euros l'an prochain.
Pas de "RIC", "RIP" assoupli
Emmanuel Macron a plaidé pour faciliter la mise en oeuvre d'un référendum à l'initiative du peuple, en proposant d'abaisser à 1 million le nombre de signatures nécessaires pour saisir le Parlement. Cette mesure figurerait dans la réforme constitutionnelle que le chef de l'Etat veut voir revenir au Parlement "à l'été".
Mais il a aussi écarté le "référendum d'initiative citoyenne" voulu par des "gilets jaunes".
Dans le cadre de la réforme des institutions, M. Macron s'est dit aussi favorable à l'introduction d'une dose de 20% de proportionnelle à l'Assemblée. Il a également souhaité "accroître" cette dose au Sénat. Quant à la réduction du nombre de parlementaires, M. Macron s'est dit prêt à abaisser à 25% son engagement de 30%.
Un "nouvel acte de décentralisation" d'ici un an
Le président a annoncé "un nouvel acte de décentralisation" dans les territoires, qui devra aboutir "au premier trimestre 2020". Cette nouvelle décentralisation doit être "adaptée à chaque territoire" et porter "sur la politique de la vie quotidienne" comme "le logement, le transport, la transition écologique pour garantir des décisions prises au plus près du terrain", a-t-il ajouté.
L'administration reorganisée
Confirmant son intention de "supprimer l'ENA", M. Macron a annoncé qu'il souhaitait mettre fin aux systèmes des "grands corps" de la haute fonction publique, dont les membres sont actuellement selon lui "garantis d'une protection à vie".
Dans le même temps, Edouard Philippe présentera en mai "une profonde réforme de l'administration" destinée à déployer "plus de fonctionnaires sur le terrain" tout en supprimant des postes "en administration centrale". Déplorant qu'il n'y ait "plus assez de monde sur le terrain" pour "apporter des solutions", le chef de l'Etat a notamment annoncé la création dans "chaque canton", d'ici à "la fin du quinquennat", d'un "endroit où l'on puisse trouver une solution aux problèmes", baptisé "France services".
Dans ce cadre, le président s'est dit prêt à "abandonner" l'objectif de 120.000 suppressions de postes de fonctionnaires qu'il avait fixé "si ce n'est pas tenable", demandant au gouvernement de lui "donner son analyse d'ici l'été".
Un "conseil de défense écologique"
Emmanuel Macron a souhaité la mise en place d'un "conseil de défense écologique" qui réunira les ministres dédiés pour faire les "choix stratégiques" imposés par "l'urgence climatique".
Le cap des réformes maintenu
Après la crise des "gilets jaunes" et le grand débat qui a suivi, le chef de l'Etat a dit penser "très profondément que les orientations prises durant ces deux premières années, à bien des égards, ont été justes". "Les transformations en cours et les transformations indispensables à faire dans notre pays ne doivent pas être arrêtées, parce qu'elles répondent profondément à l'aspiration de nos concitoyens", a-t-il insisté.
Mea culpa
Emmanuel Macron a aussi expliqué regretter d'avoir "donné" le "sentiment" d'être "dur", "parfois injuste" avec les Français. "L'impatience, l'exigence que j'ai avec moi-même, que j'ai avec les membres du gouvernement, je l'ai un peu eue avec les Français. Le sentiment que j'ai donné, c'était une forme d'injonction permanente, d'être dur, parfois injuste. Ça, je le regrette. D'abord parce que ce n'est pas ce que je suis profondément et parce que je pense que ça n'a pas aidé à la cause".
Macron propose de travailler plus pour payer moins d'impôts
Emmanuel Macron a proposé jeudi de réduire "significativement" l'impôt sur le revenu pour répondre à "l'injustice fiscale" dénoncée lors du grand débat, mais en appelant les Français à travailler plus pour financer cette baisse, tout en justifiant sa suppression de l'ISF.
"Je ne veux pas de hausse d'impôts et je veux des baisses pour ceux qui travaillent en réduisant significativement l'impôt sur le revenu", a-t-il affirmé lors de sa conférence de presse organisée à l'issue du grand débat national pour répondre à la crise des "gilets jaunes".
Le président de la République était attendu sur la question de la baisse de l'impôt sur le revenu, jugée prioritaire par 18,8% des participants au grand débat et adoubée par plusieurs ministres, dont celui des Finances Bruno Le Maire.
"J'ai demandé au gouvernement de mettre en oeuvre cette baisse d'impôt en la finançant par la suppression de certaines niches fiscales pour les entreprises, la nécessité de travailler davantage et des réductions de notre dépense publique", a expliqué M. Macron.
Le président a estimé à environ cinq milliards d'euros la baisse de l'impôt sur le revenu, qui rapporte plus de 75 milliards par an à l'Etat, soit environ 13%.
"Autour de cinq milliards, je pense que ce serait une bonne chose", a-t-il affirmé, tout en laissant au gouvernement le soin de "définir le quantum".
Pour financer cette mesure, il a évoqué l'allongement de la durée de cotisation pour le départ en retraite, sans toucher pour autant à l'âge légal qui est actuellement de 62 ans ni supprimer un jour férié, des pistes évoquées par la presse au cours des derniers jours.
"Travailler plus, ça peut se faire d'une autre manière, (comme) allonger la durée des cotisations et de laisser le libre choix", a-t-il soutenu. Cette "option permet de dégager des économies pour réinvestir dans des baisses d'impôts", a-t-il ajouté.
Pour financer cette mesure, le président a évoqué d'autres pistes pour les financer, notamment la réduction des niches fiscales dont bénéficient les entreprises. "Pas celles des ménages ou des particuliers", a-t-il assuré.
Des organismes "inutiles"
M. Macron a notamment rappelé que les entreprises bénéficiaient déjà d'une baisse de l'impôt sur les sociétés, qui doit être ramené à 25%, soit la moyenne européenne, à la fin du quinquennat en 2022.
"Il me semble que la meilleure orientation pour répondre aux besoins de justice fiscale n'est pas d'augmenter les impôts de tel ou tel, mais plutôt de baisser les impôts pour un maximum de nos concitoyens, en particulier pour celles et ceux qui travaillent", a-t-il affirmé, en se référant spécifiquement aux classes moyennes.
Le président a également insisté sur le besoin de réduire la dépense publique pour que "les baisses d'impôt d'aujourd'hui ne soient pas financées par de la dette supplémentaire".
"Il y a beaucoup d'organismes dont j'ai demandé la fermeture au gouvernement", a-t-il souligné, sans donner de précision. Le Premier ministre Edouard Philippe "est en train de piloter ce travail", a-t-il ajouté.
"On a énormément gardé d'organismes inutiles, de comités, de structures: il faut que l'on réduise tout cela massivement", a-t-il assuré.
M. Macron a toutefois défendu la suppression de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) dès le début de son quinquennat, une mesure souvent critiquée lors du grand débat et lors des manifestations des gilets jaunes.
A ses yeux, il s'agit d'une "réforme pour produire, pas une réforme pour les plus fortunés". Il a toutefois souligné que la suppression de l'ISF serait "évaluée en 2020". "Nous regarderons son efficacité. Si elle n'est pas efficace, nous la corrigerons", a-t-il assuré.
D'une manière générale, M. Macron a assuré avoir "déjà baissé significativement" les impôts "dans des proportions non négligeables durant ces deux premières années qui touchent nos concitoyens et les entreprises".
Le chef de l'Etat a d'ailleurs rappelé la suppression progressive de la taxe d'habitation sur le quinquennat ou encore "la défiscalisation et désocialisation" des heures supplémentaires annoncées en décembre pour répondre à la crise des gilets jaunes.
Les partenaires sociaux réagissent
"Ni l'extase ni la dépression", pour Laurent Berger (CFDT)
Pour le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, "ce n'est ni l'extase ni la dépression", après les annonces du président de la République, parmi lesquelles il a relevé "des avancées significatives" mais aussi "des manques", vendredi sur RTL.
"On ne peut pas dire qu'il n'y a rien eu et on ne peut pas dire que c'était génial. Ce n'est ni l'extase ni la dépression ce matin pour moi", a résumé M. Berger, qui a noté "une inflexion, au moins dans le discours" d'Emmanuel Macron.
"D'abord il y a un diagnostic qui a été posé, qui est juste sur les inégalités. On ne l'avait jamais entendu à ce point dire qu'il y a des inégalités sociales, fiscales, territoriales", a-t-il relevé.
Il a noté "des avancées significatives", citant "le minimum contributif des gens qui ont travaillé toute leur vie, qui va passer de 640 euros à 1.000 euros". "C'est un vrai changement pour tout un tas de gens", et "ça, c'est des bonnes mesures, il faut les prendre".
En revanche, "il y a un manque sur la question écologique, il y a un manque de précision sur la question des personnes les plus en difficultés, ceux qui sont en situation d'exclusion (...), il y a des manques sur le logement", a-t-il énuméré. Il a également dit regretter "qu'il n'y ait pas de mesure spécifique de contribution des très hauts revenus".
M. Berger a aussi exprimé des craintes, jugeant notamment que "la baisse de la fiscalité, qui sans doute réjouit les personnes qui vont en bénéficier, ne doit pas se faire avec une baisse de l'action publique".
De son côté, dans un communiqué, l'Unsa "constate que pour quelques mesures concrètes positives (baisse de la pression fiscale sur les classes moyennes, réindexation des retraites, mise en place d'un guichet France service, ...) mais à effet différé, les annonces du président restent, pour la plupart, à préciser".
"Ni l'âge légal de départ en retraite, ni la durée hebdomadaire de travail, ni les jours fériés ne seront touchés. C'est une bonne chose, même si l'Unsa sera très attentive et combative sur les mesures concernant l'+encouragement+ à travailler plus longtemps", poursuit le syndicat, qui note que "beaucoup de sujets sont renvoyés à des +audits+, des discussions ultérieures et des débats" et promet de "juger sur pièce".
"Cosmétiques", pour la CGT
Les annonces faites jeudi par le président de la République sont avant tout "cosmétiques" et "pas à la hauteur des exigences" des mouvements sociaux des derniers mois, selon la CGT.
"Les annonces du président de la République confirment la mise en place de mesures qui ne sont pas à la hauteur des exigences portées par les différents mouvements sociaux qui secouent le pays ces derniers mois", écrit la CGT dans un communiqué.
La centrale de Montreuil dénonce "un gouffre immense entre les conclusions" tirées du grand débat par le président de la République "et les attentes, les aspirations, les revendications des Français et des travailleurs", et "un mépris pour leurs galères quotidiennes".
La CGT déplore que le président "exonère une nouvelle fois le patronat, les plus fortunés et ne met aucunement à contribution le capital pour répondre aux fractures sociales et territoriales".
"Plusieurs annonces cosmétiques ou +symboliques+ ne changeront en rien la vie de nos concitoyens sur le long terme, d'autres sont loin de rattraper la perte de pouvoir d'achat subie depuis des décennies par une grande partie de la population", estime la CGT, qui appelle "à la mobilisation, le plus largement possible, dans les entreprises, les établissements, dans les localités, le 1er-Mai puis le 9 mai".
Pour la CPME, Macron n'a pas entendu "le ras-le-bol fiscal" des petites entreprises
La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a regretté jeudi qu'Emmanuel Macron n'ait pas entendu "le ras-le-bol fiscal des artisans" et des petites entreprises en annonçant la suppression de niches fiscales pour les sociétés afin de financer la baisse de l'impôt sur le revenu.
"Peu de mesures concernent directement les entreprises sauf l'augmentation d'impôt dissimulée sous le terme ambigu de suppression des niches fiscales des entreprises", a réagi la CPME au terme de la conférence de presse du président de la République.
"A croire que le ras-le-bol fiscal des artisans, TPE (très petites entreprises NDLR) et PME n'a pas été entendu !", s'est-elle insurgée, s'interrogeant notamment sur le financement des mesures annoncées par M. Macron, dont une baisse de l'impôt sur le revenu d'environ 5 milliards d'euros.
Pour financer cette réduction, le président a évoqué trois pistes: la suppression de niches fiscales dont bénéficient les entreprises, la suppression d'organismes "inutiles" pour réduire la dépense publique et l'allongement des cotisations de retraite.