"On veut travailler dans des entreprises qui mettent les enjeux environnementaux au cœur de leur stratégie", résume Juliette Leboda, étudiante de 23 ans dans une école de commerce parisienne. Elle qui n'est pas "écolo de naissance" considère qu'"on ne peut pas fermer les yeux" sur le réchauffement climatique.
Mais comment s'y prendre, quand on cherche un emploi, pour distinguer les déclarations d'intention des actes concrets d'une entreprise en la matière?
Plusieurs étudiants ont lancé en septembre 2018 le "manifeste pour un réveil écologique", appelant les entreprises à mieux communiquer sur leurs stratégies d'éco-durabilité. Le texte a déjà recueilli plus de 30.000 signatures.
De cette initiative est né le "collectif pour un réveil écologique". Sur son site internet, des articles aident les étudiants à "poser les bonnes questions" lors des entretiens d'embauche pour "décoder la politique environnementale" des entreprises. Celles qui acceptent de répondre aux questions du collectif voient leurs réponses publiées sur son site.
"Ne plus être schizophrène"
"Il y a une volonté de ne plus être schizophrène, de ne pas aller vers des emplois en contradiction avec nos convictions écologiques personnelles et de trouver des métiers cohérents avec nos convictions écolos", explique Antoine Trouche, l'un des fondateurs du collectif.
"Aller au travail à vélo, c'est bien, mais si c'est pour aller construire des centrales à charbon, ça ne sert à rien", dit-il.
Pour aider les étudiants, différents outils permettent de mieux évaluer l'engagement environnemental des entreprises. La plateforme ZEI World (acronyme de Zero Eco Impact) permet ainsi à ses 15.000 utilisateurs de suivre la progression des 1.350 entreprises de tous horizons ayant créé un profil.
"C'est une technologie d'accompagnement et de notation des marques", qui se concentre sur des objectifs à atteindre, explique à l'AFP Noël Bauza, fondateur de ZEI.
"Les entreprises viennent nous voir", répondent à un questionnaire détaillé, puis "un algorithme génère leur tableau de bord individualisé" en leur attribuant un pourcentage d'engagement écologique pour chaque thème abordé, souligne M. Bauza, un taux de "100% signifiant l'absence d'impact environnemental négatif".
Ce référentiel est utile non seulement aux étudiants pour jauger l'entreprise mais aussi à ces dernières pour mesurer les progrès qu'il leur reste à réaliser, dit-il. A titre d'exemple, l'entreprise Le Slip français "s'est fixé un objectif de 50% de textile durable d'ici juillet."
Réclamer des garanties
Désormais, les diplômés n'hésitent plus à réclamer des garanties sur les politiques environnementales des entreprises avant de postuler aux offres d'emploi.
Chez Ignition Program, une société de recrutement spécialisée dans les start-ups, Nicolas Vergne explique que "lors des entretiens, 35% des candidats recherchent une start-up ayant un impact environnemental ou sociétal positif".
Les entreprises "mettent plutôt l'accent sur l'aspect social par rapport à l'aspect environnemental", ce dernier n'est "pas encore leur priorité", admet M. Vergne.
Le directeur du recrutement d'une grande entreprise française cotée en Bourse constate l'attachement des jeunes diplômés aux thématiques vertes: "Les jeunes qui candidatent sont très bien renseignés sur l'entreprise, ses orientations stratégiques, ses engagements environnementaux. Mais ils ont besoin qu'on les leur confirme en entretien", dit-il à l'AFP.
Une fois dans le monde du travail, certains comme Marie Gillet, jeune ingénieure agronome, disent essayer de "modifier en interne les habitudes". Dans le cabinet qui l'emploie, elle espère qu'on pourra "changer la flotte de véhicules".
Sur le site de ZEI World, on trouve aussi un club de sport professionnel, le Paris Volley. "On veut être acteur de notre territoire autrement qu'au niveau sportif et s'engager dans quelque chose de concret", dit à l'AFP son directeur général Arnaud Gandais. Pour lui, "un club pro se doit d'être un exemple à de nombreux titres".