Des centaines de boutiques, une salle de concert, des hôtels de luxe, un parc d'attractions: Europacity, plus gros investissement privé en France depuis Disneyland Paris, entend s'implanter en 2027 au nord de la capitale, mais le projet divise.
Les différents acteurs ont été reçus la semaine dernière par la ministre de l'Environnement Elisabeth Borne, qui prépare un rapport qu'elle doit présenter au Premier ministre prochainement.
Les opposants, parmi lesquels Clémentine Autain, députée LFI de Seine-Saint-Denis, s'étaient donné rendez-vous à 9H30 au Triangle de Gonesse, site agricole coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget qui doit accueillir le projet. Ils espèrent être plus d'un millier à leur arrivée à Paris samedi.
"Nous demandons l'abandon immédiat d'Europacity avec le report du chantier de sa gare et l'organisation d'une concertation avec tous les acteurs du territoire", a déclaré Bernard Loup, le chef de file des opposants.
Le collectif d'opposants défend un projet alternatif, Carma (Coopération pour une ambition rurale et métropolitaine d'avenir), pour le maintien de la vocation agricole du Triangle de Gonesse et la création d'emplois tournés vers l'agriculture durable, l'alimentation, l'éco-construction.
Ce contre-projet sera présenté samedi à Matignon.
Sur leur trajet vendredi matin, les opposants ont croisé devant la mairie de Gonesse une cinquantaine de pro-Europacity, dont de nombreux élus de la ville, qui leur ont fait face, munis de banderoles.
"Pour les légumes et le vélo", ont scandé les opposants, ce à quoi les soutiens au projet ont répondu "Pour l'emploi et le métro".
"C'est un projet de développement du territoire, on a beaucoup de cités, on cherche des emplois", a expliqué Marc Anicet, adjoint au maire PS de Gonesse Jean-Pierre Blazy.
"La plupart de ces gens (opposants, NDLR) ne vivent pas dans nos territoires. Ils vivent à Paris où il y a déjà des transports et viennent donner des leçons", a de son côté raillé Viviane Gris, responsable de la politique de la ville.
Et "les terres sont polluées de kérosène, ils sont sur les couloirs aériens, on n'est pas dans des terres bios", poursuit l'élue. "L'est du Val-d'Oise se paupérise, on veut améliorer la vie de nos jeunes qui soutiennent le projet".
Elus et promoteurs font bloc derrière Europacity, en promettant des mesures "écologiques"
Elus et promoteurs d'Europacity ont fait bloc vendredi pour défendre ce projet controversé de mégacomplexe qui doit s'implanter au nord de Paris, en annonçant des mesures "écologiques", alors que le gouvernement a entamé une vaste consultation sur le sujet.
"Nous serons un projet zéro carbone dès 2027", "nous devançons là les ambitions prônées par les accords de Paris pour 2050", a assuré Benoît Chang, directeur général de la société Alliages et territoires, lors d'une conférence de presse à Paris réunissant élus et acteurs économiques locaux.
Europacity vise aussi un objectif de "zéro artificialisation nette des terres" en compensant les 80 hectares de son périmètre par la "renaturation" d'autant d'espaces en Ile-de-France, a-t-il ajouté.
Le projet, qui doit s'implanter sur des terres agricoles, aura également un volet "biodiversité": 4.000 arbres seront plantés sur le site "à la naturalité faible" du fait de "décennies d'agriculture intensive", a souligné M. Chang.
Cette série d'annonces intervient alors que la ministre de l'Environnement, Elisabeth Borne, a entamé une série de consultations avec les différents acteurs du projet: élus, promoteurs ou opposants.
"Alors qu'on pensait que tout était sur les rails (...) il semble qu'à l'Elysée le dossier soit à nouveau regardé, pour des raisons plus politiques que rationnelles", a déploré Jean-Pierre Blazy, le maire (PS) de Gonesse (Val-d'Oise), très favorable au projet.
Porté par Ceetrus, foncière du groupe Auchan, et le conglomérat chinois Wanda, réunis dans la société Alliages et Territoires, Europacity entend s'implanter, d'ici à 2027, dans le "triangle de Gonesse", secteur agricole coincé entre les aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et du Bourget.
Ce projet de commerces et de loisirs à plus de 3 milliards d'euros est accusé par ses détracteurs de fragiliser le commerce de proximité et de détruire des champs à rebours des préoccupations environnementales.
Vendredi, Europacity a aussi annoncé qu'il réduirait les surfaces commerciales "qui représenteront 10 à 15% du projet", au profit d'espaces "dédiés aux loisirs et à la culture".
Au moment des annonces d'Europacity, une marche d'une centaine d'opposants a pris la direction de Matignon pour réclamer "l'abandon du projet".