1995 : plus de trois semaines de transports paralysés
Durant l'intense mouvement de protestation de l'hiver 1995 contre "le plan Juppé", trains et métros sont paralysés pendant plus de trois semaines.
A leur apogée, les manifestations rassemblent le 12 décembre, entre un et deux millions de personnes, avec un soutien majoritaire de l'opinion, selon les sondages.
A l'origine de la colère, la présentation en novembre par le Premier ministre Alain Juppé d'un plan de redressement de la Sécurité sociale comportant des prélèvements supplémentaires sur les assurés et un bouleversement de ses structures.
Mais c'est l'alignement prévu des régimes de retraite des fonctionnaires et des agents de services publics sur les salariés du privé qui concentre les mécontentements.
Alain Juppé retire les mesures touchant les retraites, mais maintient le reste du plan.
2003 : un à deux millions de manifestants
De février à juin 2003, une série de grèves mobilise la fonction publique. Des centaines de milliers de manifestants protestent, dont un à deux millions, au plus fort, le 13 mai.
Le gouvernement résiste et sa réforme est adoptée le 24 juillet : le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et son ministre du Travail, François Fillon, alignent en partie le régime de retraite des fonctionnaires sur celui du privé, avec une durée de cotisation pour obtenir une retraite à taux plein portée progressivement à 40 ans (mais une pension toujours calculée sur les six derniers mois de salaire et non sur les 25 meilleures années comme dans le privé).
2007 : trains et métros à l'arrêt
A l'automne 2007, les transports en commun sont perturbés par la contestation d'un projet sur les régimes spéciaux. Le 18 octobre, le trafic SNCF et RATP est paralysé.
Cette première réforme des retraites du quinquennat de Nicolas Sarkozy concerne les régimes spécifiques des agents des services publics (SNCF, RATP, EDF, GDF... ) et les professions à statut particulier (clercs et employés de notaires), dont la durée de cotisation va progressivement passer à 40 ans, selon un décret transmis le 21 décembre.
2010 : manifestation massive, raffineries bloquées
En 2010, les manifestations rassemblent encore plus qu'en 1995 et 2003 : entre 1,2 et 3,5 millions, au pic de la mobilisation, le 12 octobre. Elles s'accompagnent de blocages de raffineries, terminaux portuaires et dépôts de carburant. Une station-service sur trois est à sec au plus fort du mouvement.
Le projet de loi du gouvernement de François Fillon prévoit le report progressif de l'âge légal de la retraite de 60 à 62 ans. Malgré la forte mobilisation, la réforme est adoptée fin octobre.
2019-2020 : grèves record
Le 5 décembre 2019, entre 806.000 et 1,5 million de personnes manifestent contre le projet d'un régime de retraite "universel" par points, promesse de campagne d'Emmanuel Macron. Le 17, entre 615.000 et 1,8 million défilent à nouveau.
Chez les enseignants, la grève atteint des taux record depuis 2003. A la SNCF et la RATP, elle se poursuit pendant les congés de fin d'année et une partie de janvier pour constituer la plus longue grève à la SNCF depuis sa création. La mobilisation touche aussi ports, raffineries, Banque de France, Opéra de Paris et avocats.
Après une adoption sans vote (article 49.3) début mars en première lecture à l'Assemblée, la réforme est suspendue, le 16, par Emmanuel Macron en raison de la pandémie de Covid-19.
2023 : mobilisations massives
Front uni des syndicats contre le nouveau projet de réforme d'Emmanuel Macron prévoyant le report à 64 ans de l'âge légal de départ à la retraite.
Les deux premières journées de mobilisation réunissent, les 19 janvier et 31 janvier, à chaque fois plus d'un million de personnes, selon le ministère de l'Intérieur. Avec 1,27 million de manifestants, la journée du 31 constitue la plus forte mobilisation sociale depuis 1995.
Le 6 février, les débats démarrent à l'Assemblée sous la pression de la rue: des manifestations sont organisées les 7, 11 et 16.
Alors que le texte est désormais examiné par les sénateurs, l'intersyndicale promet de "mettre la France à l'arrêt" pour sa grande mobilisation du 7 mars.