Chute de 11% du PIB
Ce nouveau projet de loi de finances rectificative table sur un recul de 11% du PIB en 2020, au lieu de 8% auparavant. Il s'agira de la plus forte récession de la France depuis 1945.
Cette prévision, qui s'appuie sur les "dernières données disponibles", prend en compte l'impact du confinement "estimé assez élevé" sur la croissance au deuxième trimestre, explique-t-on à Bercy. L'Insee s'attend à un plongeon de 20% du PIB au cours de cette période.
Ce chiffre tient aussi compte du fait que le redémarrage de l'économie "n'est que progressif", avec certains secteurs d'activité (restauration, culture) à l'arrêt jusqu'en juin. A savoir: il repose également sur une hypothèse de réouverture des frontières en Europe le 15 juin et à la fin de l'été avec le reste du monde.
Dette au plus haut
Avec les dépenses supplémentaires pour soutenir l'économie, le déficit public va se creuser à 11,4% du PIB, contre 3% l'an dernier, anticipe le gouvernement.
La dette publique devrait, elle, s'envoler à 120,9% du PIB, alors qu'elle avait atteint 98,1% l'an dernier. La France figure ainsi parmi les pays européens les plus endettés.
40 milliards pour les secteurs sinistrés
Le gouvernement va débloquer 40 milliards d'euros supplémentaires pour soutenir les secteurs les plus touchés par la crise, au travers de mesures budgétaires et de soutien à la trésorerie des entreprises.
Dans le détail, le tourisme, qui représente 7% du PIB, bénéficiera de 18 milliards d'euros sous forme de prêts et d'investissements en fonds propres. Cette somme englobe notamment les mesures de chômage partiel, les prêts garantis par l'État, les exonérations sociales ou encore les reports d'impôts.
L'industrie automobile profitera de 8 milliards. Outre l'aide au chômage partiel et les emprunts garantis, ce montant inclut un milliard d'euros pour soutenir la demande de véhicules (hausse du bonus écologique, renforcement de la prime à la conversion...) et un milliard pour encourager les investissements pour produire les voitures hybrides et électriques en France (subventions pour aider les sous-traitants à se moderniser, création d'un fonds d'investissement).
Le gouvernement va également consacrer 600 millions d'euros supplémentaires aux start-ups technologiques, en créant notamment un fonds d'investissement géré par Bpifrance.
Il doit encore dévoiler la semaine prochaine un plan pour l'aéronautique.
Chômage partiel: 5 milliards supplémentaires
Au total, ce projet de budget comprendra environ 13 milliards d'euros de crédits budgétaires supplémentaires.
Le dispositif de chômage partiel, dont une partie est prise en charge par l'Unédic, sera doté de 5 milliards d'euros de plus par rapport aux 25 milliards déjà prévus. Ce soutien à l'activité partielle va toutefois être progressivement réduit pour les entreprises de la plupart des secteurs d'activité.
Les garanties publiques progresseront de 12 milliards d'euros par rapport au budget rectificatif précédent, pour atteindre 327 milliards. Le gouvernement est à même de les rehausser notamment grâce à des financements européens, provenant du dispositif européen sur le chômage partiel et de la Banque européenne d'investissement (BEI).
Tendance baissière de l'inflation
Dans ses prévisions, le gouvernement a également pris en compte une "tendance à la baisse des perspectives d'inflation", avec une estimation "de l'ordre de 0,4%" pour l'année 2020 en France. Un chiffre "fortement" affecté par le recul des prix du pétrole, selon Bercy.
27 milliards de recettes envolées
Alors que le gouvernement mobilise des milliards supplémentaires, les recettes issues des prélèvements obligatoires (cotisations, TVA, impôt sur les sociétés, etc.) devraient encore fondre de 27 milliards par rapport à la prévision du précédent budget rectifié.
En raison de ces deux effets, le montant de la dépense publique va s'élever à 63,6% du PIB.