"De nombreux postes de travail permettent un travail à distance et des rotations peuvent s'organiser afin de limiter l'impact sur le collectif de travail", a expliqué la ministre du Travail, Elisabeth Borne, lors d'une rencontre avec les syndicats et le patronat, appelant à recourir "autant que possible" au télétravail dans ces zones, dont Paris et la petite couronne.
La veille au soir, Matignon avait souhaité que le télétravail soit "plus que jamais" privilégié au vu de la multiplication des cas de contamination.
Aurélien Rousseau, directeur général de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France, a annoncé lundi que 203 foyers de contamination étaient actifs en région parisienne: "Un peu moins de 40% dans le milieu scolaire et universitaire, 26% dans le milieu professionnel et 10% dans des rassemblements privés".
Le protocole sanitaire ne change pas. Interrogés par l'AFP, syndicats et patronat jugent inutile de le faire.
Mis à jour le 17 septembre, ce texte indique que "le télétravail demeure un mode d'organisation recommandé", notamment pour "limiter l'affluence dans les transports en commun".
"Compte tenue de la situation actuelle avec une circulation du virus qui continue, la mise en oeuvre du télétravail peut être considérée comme un aménagement du poste de travail rendu nécessaire pour permettre la continuité de l'activité de l'entreprise et garantir la protection des salariés", ajoute-t-il. Pour cette raison, sa mise en oeuvre "ne nécessite aucun formalisme particulier".
"Généralisation du télétravail"
Le texte dit toutefois qu'"aucune disposition" ne peut imposer à l'employeur de donner suite à une demande de télétravail, mais "si le poste est éligible au télétravail, l'employeur doit motiver son refus".
Si cette forme de travail a été massivement développée pendant le confinement, avec seulement un quart des salariés travaillant sur site en mars, la tendance a sensiblement changé avec le déconfinement: depuis juillet un salarié sur dix poursuivait son activité à distance.
Depuis septembre, "les entreprises ont eu tendance à faire revenir les salariés sur site", dit Eric Chevée, chargé du dossier télétravail à la CPME. Cette tendance a été "freinée à partir d'octobre à cause de la progression de la maladie", tempère-t-il.
Depuis septembre, "ces recommandations de télétravail sont suivies de loin", témoigne Jérôme Vivenza, secrétaire confédéral à la CGT, assurant que les entreprises invitent les salariés à revenir travailler "en présentiel".
Les déclarations gouvernementales depuis dimanche vont faire "redémarrer un cycle d'encouragement au télétravail", estime Cyril Chabanier, président de la CFTC.
Alors qu'une négociation en vue d'un accord national interprofessionnel (Ani) doit démarrer le 3 novembre, les syndicats regrettent que le patronat ait traîné des pieds depuis le printemps pour consentir à ouvrir ces discussions.
"Il risque d'y avoir des réticences à reprendre le télétravail car beaucoup de questions posées pendant le confinement sont restées en suspens. La négociation aurait pu y répondre", dit M. Vivenza.
Parmi les sujets sur la table de la négociation, les syndicats souhaitent aborder la charge de travail, la prise en charge de coûts directement liés au télétravail et la déconnexion, la protection des données, la problématique de la garde des enfants lorsque les classes sont fermées, les personnes vulnérables, l'égalité femmes-hommes, etc.
Pas sûr que la négociation aboutisse à un consensus, car le Medef a prévenu qu'il souhaitait que le texte ne soit "ni normatif", "ni prescriptif", au grand dam des syndicats.
"Nous ne sommes pas sur l'idée de modifier le corpus réglementaire", confirme M. Chevée, soulignant que depuis janvier, près de 600 accords sur le télétravail ont été signés, prévoyant notamment deux à trois jours de télétravail par semaine.
"Ça fait des mois qu'on réclame un Ani. Il faut que le gouvernement mette la pression sur le patronat pour un accord normatif rapide, alors qu'on se dirige peut-être à nouveau vers une généralisation du télétravail", répond M. Chabanier.