Lors de cette conférence de dialogue social, Jean Castex échangera à partir de 15H30 avec les organisations syndicales et patronales en visioconférence. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire sera avec lui, tandis que la ministre du Travail Elisabeth Borne, testée positive au Covid-19, restera à distance.
Le gouvernement souhaite élaborer avec les partenaires sociaux une "méthode pour à la fois travailler sur les scénarios de levée de restrictions sanitaires" et "trouver le bon calendrier, le bon dosage" pour "travailler au débranchement progressif des aides".
Le moment peut sembler paradoxal, alors que la situation sanitaire extrêmement tendue en Île-de-France fait la Une.
Mais pour Laurent Berger (CFDT), il est important d'"anticiper" alors "qu'on est tous aujourd'hui encore le nez dans le guidon". Dans Les Echos, il suggère de demander à des personnalités "de dresser un panorama de la situation afin de construire des scénarios de sortie de crise".
"Attention à ce qu'on ne ferme pas trop rapidement les robinets d'aide publique", prévient cependant Yves Veyrier (FO). Philippe Martinez (CGT), qui n'attend "pas grand chose" de la conférence, va insister sur "la conditionnalité des aides". "On ne peut pas supprimer d'emplois quand on touche des aides", a-t-il plaidé sur RMC.
Elisabeth Borne a déjà annoncé la tenue de "concertations sectorielles".
Concrètement, le gouvernement devrait faire connaître lundi son arbitrage sur la durée et les conditions de la prolongation au-delà de fin mars des aides exceptionnelles à l'embauche des jeunes et au recrutement d'alternants qui ont permis d'éviter un effondrement de l'emploi des jeunes.
Selon le ministère, près de 1,3 million de moins de 26 ans ont été embauchés en CDI ou CDD de plus de trois mois entre août et janvier, avec 340.000 demandes de prime (1.000 euros par trimestre de contrat pendant au maximum un an). Côté alternance, il y a eu 495.000 demandes d'aide (5.000 euros pour un mineur, 8.000 pour un majeur).
Prime Macron bis ?
Autre point à l'ordre du jour: les travailleurs de la "deuxième ligne", particulièrement exposés à la pandémie, notamment dans le commerce de détail, la propreté, le bâtiment, le transport routier, essentiels pour la continuité économique et dont les salaires et conditions de travail sont pour la plupart peu enviables.
La ministre du Travail a lancé une mission passant par la rédaction d'un rapport détaillé censé guider les discussions dans les 15 branches les plus concernées.
Mais elle ne devrait pas aboutir avant plusieurs mois et le gouvernement réfléchit à un geste de plus court terme, comme une prime exonérée de cotisations sociales que les entreprises auraient la possibilité de verser, sur le modèle de la prime Macron après la crise des gilets jaunes.
Selon Geoffroy Roux de Bézieux, le gouvernement va annoncer un dispositif à deux étages: la possibilité de verser une prime défiscalisée de 1.000 euros maximum, portée à 2.000 euros pour ceux identifiés comme "deuxième ligne". Il n'a pas précisé jusqu'à quel niveau de salaire pourrait être versée cette prime.
"Ça va être difficile", a prévenu cependant le patron du Medef sur Franceinfo "alors que la plupart des entreprises - il y a des exceptions - seront dans une situation difficile".
"S'il n'y a pas d'accord de branche, l'Etat doit imposer un montant et conditionner les aides sectorielles à son octroi", tranche Laurent Berger. Philippe Martinez insiste lui sur la nécessité d'une "augmentation immédiate des salaires". "Le risque d'une prime, c'est un effet de substitution à des augmentations pérennes de salaires", alerte Yves Veyrier.
Pour cette conférence, le gouvernement a mis de côté les sujets qui fâchent: la réforme de l'assurance chômage a été décidée en amont même si les syndicats comptent à nouveau demander son report. Et ni la réforme des retraites, "morte et enterrée" selon M. Roux de Bézieux, ni les déficits sociaux ne sont à l'ordre du jour.