"Comme attendu, les résultats du groupe au premier semestre 2020 sont fortement impactés par les conséquences de la crise sanitaire", a résumé jeudi Bouygues dans un communiqué, à l'occasion de ses chiffres semestriels.
Lors de la première moitié de l'année, une période marquée par le plus fort de la crise du virus et par de multiples mesures de confinement à travers le monde, la société a subi une perte nette de 244 millions d'euros, contre un bénéfice de 225 millions un an plus tôt.
Son chiffre d'affaires a reculé de 15% à 14,8 milliards d'euros, un déclin de presque trois milliards qui correspond en gros au coût de la crise sanitaire pour Bouygues lors de la première moitié de l'année.
Mais sa perte serait bien pire sans sa présence dans les télécoms car le secteur est l'un des rares à n'avoir guère pâti de la crise. Enfermés des semaines chez eux, les Français ont bien dû continuer à communiquer et, souvent, travailler à distance.
Bouygues Telecom est donc largement resté dans le vert, malgré une petite baisse (-5,3% à 142 millions d'euros) de son bénéfice semestriel. La filiale, qui a causé bien des difficultés au groupe dans les années 2010, confirme à quel point elle est redevenue son joyau, avec une nouvelle progression générale des abonnements dans le fixe comme le mobile.
Certes, la crise n'y a pas été indolore. Les performances de l'opérateur ont été freinées par la fermeture de ses boutiques pendant des semaines, et il n'a guère pu profiter des frais d'itinérance face à la restriction drastique des déplacements internationaux.
Plans de relance
Reste que les conséquences sont sans commune mesure avec l'autre grande activité de Bouygues, ses chantiers. Dans cette branche, le groupe essuie une perte de presque 400 millions d'euros.
Les deux grands concurrents de Bouygues, Vinci et Eiffage, sont d'ailleurs aussi tombés dans le rouge au premier semestre, même si le second a largement limité les dégâts avec une perte de seulement quelques millions d'euros.
Le secteur a fortement souffert des mesures de confinement mises en place pendant des semaines au printemps dans de multiples pays. Elles ont contraint Bouygues, à l'instar de tout le BTP, à interrompre de nombreux chantiers, le temps d'établir les mesures sanitaires adéquates.
Le groupe promet toutefois un avenir meilleur, d'abord parce que ses chantiers ont largement repris en France comme à l'international.
"A mi-juillet 2020, la quasi-totalité des sites étaient rouverts en France, avec un rythme d'avancement de l'activité proche de celui d'avant crise", détaille le groupe, évoquant aussi un niveau "proche de la normale dans de nombreux autres pays".
Surtout, le carnet de commandes de Bouygues, gage de revenus à venir, a encore gonflé au premier semestre pour atteindre un niveau sans précédent, à l'aide notable de très gros marchés comme un contrat ferroviaire à plus d'un milliard d'euros au Royaume-Uni.
Pour autant, le groupe se montre prudent pour la suite. Il ne se fixe pas de nouvelle prévision chiffrée de résultat pour 2020, jugeant le contexte sanitaire trop incertain.
Il promet certes de redevenir nettement rentable au second semestre, mais sans retrouver ses résultats d'un an plus tôt. A plus long terme, il ne fixe pas d'échéance sur un retour à leur niveau habituel.
Au-delà, "le groupe est bien positionné pour répondre aux enjeux des plans de relance annoncés dans les grands pays où il est implanté - Union européenne, France, Royaume-Uni, Canada, USA, etc.,", assure Bouygues, évoquant "les infrastructures durables, la transition énergétique ou la rénovation des bâtiments".