Les enseignements de cette consultation "seront présentés dans le détail le 28 mars prochain, à l'occasion de la remise du rapport de Dominique Libault", président du Haut conseil du financement de la protection sociale, a précisé la ministre devant les Assises nationales des Ehpad à Paris.
Ces enseignements porteront sur les freins au maintien à domicile, la lourdeur des restes à charge pour les familles dont les proches séjournent en établissements, ou la dégradation des conditions de travail des professionnels, selon Mme Buzyn, qui s'est prononcée pour des "mesures fortes" qui "feront une différence dès l'année 2019".
"Dans quelques semaines, après la remise du rapport Libault, le gouvernement passera à l'action, pour apporter des solutions immédiates et des solutions de long terme", a ajouté Mme Buzyn.
Elle n'a pas dévoilé mardi les orientations du futur projet de loi mais insisté sur plusieurs points émanant de la concertation "d'ampleur inédite" lancée le 1er octobre et organisée autour d'"ateliers régionaux", de rencontres thématiques, de 10 groupes de travail et de 415.000 contributions recueillies sur internet.
Il en ressort "un besoin urgent et prioritaire de revalorisation des métiers de l'âge", ainsi que le constat d'un "reste à charge (...) important en établissement, et trop peu corrélé aux capacités contributives des personnes ou des familles", a relevé la ministre. Les participants demandent également "une plus grande égalité de traitement face à la diversité des pratiques des départements" en matière d'aides sociales.
Le gouvernement va s'efforcer de répondre à "une angoisse assez profonde des familles", celle de ne pas "être en capacité d'assumer une prise en charge correcte" de leurs proches en Ehpad, a souligné Mme Buzyn devant des journalistes.
Le rapport Libault abordera des "pistes de financement", cependant "ce n'est pas qu'une question de moyens", selon la ministre, pour qui la bientraitance des personnes âgées passe aussi par "la formation des professionnels et le management des carrières". La future loi intégrera les recommandations d'un récent rapport sur la prévention des maltraitances, a-t-elle indiqué.
Elle s'est par ailleurs élevée contre la tendance "dans des reportages ou des livres", à dénigrer les établissements pour personnes âgées, en soulignant leurs manquements ou les carences dans la prise en charge de leurs pensionnaires. Cet "Ehpad-bashing" est "injuste" car la qualité de la prise en charge "n'a jamais été autant contrôlée", et il est "contre-productif", selon Mme Buzyn, car il risque d'"inquiéter", voire de "culpabiliser" des familles qu'il faut au contraire "soutenir".
D'ici à 2050, la France comptera près de 5 millions de plus de 85 ans, contre 1,5 aujourd'hui. Face à ce choc démographique, les dépenses liées à la dépendance, estimées aujourd'hui à près 30 milliards d'euros annuels (24 milliards d'euros en dépenses publiques, le reste reposant sur les ménages), pourraient exploser.