"Pour 2021, on ne va pas s'attendre à un retour à la normale", a résumé à l'AFP Virginie Houzé, du cabinet immobilier JLL, qui participe au bilan de référence sur le secteur, publié vendredi.
Pour l'heure, le marché des bureaux s'est effondré en 2020, selon ce bilan dit Immostat, qui se concentre sur la région parisienne, soit le très gros du secteur français.
La quantité de bureaux loués y a chuté de près de moitié (-45%) à 1,32 million de mètres carrés. Résultat, le nombre de bureaux vacants a, lui, bondi de plus d'un tiers.
Comme de nombreux secteurs économiques, l'immobilier a subi les effets de la crise, l'activité ayant notamment été bloquée au printemps par un strict confinement décrété contre la propagation du virus.
Reste que la déprime des bureaux contraste avec la résistance du marché des logements, du moins anciens. Pour ces derniers, les visites avaient fortement rebondi à l'été, même s'il reste à évaluer pleinement les conséquences du reconfinement plus relâché de la fin 2020.
Par rapport aux logements, les bureaux font généralement l'objet d'opérations plus lourdes et leur attrait reflète plus directement la situation économique.
"C'est un contexte qui est incertain et pousse les entreprises à attendre de voir ce qui se passer", admet Mme Houzé, soulignant que la crise sanitaire est partie pour durer encore.
Le Premier ministre, Jean Castex, évoque une sortie de crise d'ici à l'été, sur fond de critiques sur la lenteur de la vaccination en France et de la diffusion d'un variant beaucoup plus contagieux du virus, venu du Royaume-Uni.
Pour les bureaux, "on peut espérer que l'activité se libère un peu en deuxième moitié d'année si les nouvelles sont positives", avance Mme Houzé.
Seulement, le virus risque d'avoir des conséquences bien au-delà de cette prudence, finalement classique en période de crise économique avant que l'activité reprenne.
Les confinements et, plus généralement, la situation sanitaire ont forcé les entreprises à faire travailler les employés à distance.
Moins d'investissement
"En France, on est un pays où, traditionnellement, on n'est pas grands supporters du télétravail, et le confinement du printemps a libéré les choses", observe Mme Houzé. "Ca aura probablement un impact à long terme."
Une opération emblématique symbolise cette tendance. Pour son futur siège, commandé au promoteur Nexity, le géant de l'énergie Engie prévoyait un gigantesque ensemble de six bâtiments.
Mais il a changé d'avis au dernier moment et les bâtiments ne seront que quatre.
C'est, selon le groupe, la conséquence directe de la montée du télétravail: "ce redimensionnement est lié aux évolutions des modes de travail", a expliqué Engie en décembre à l'AFP.
Il n'y a, certes, guère d'observateurs pour prédire une généralisation massive du travail à distance, qui se traduirait par un effondrement du marché des bureaux.
Mais nombre d'entreprises pourraient généraliser un ou deux jours de télétravail par semaine et, donc, avoir besoin d'un peu moins d'espace.
Face à ces incertitudes, le marché des bureaux n'a pas seulement subi une chute des locations l'an dernier. Il a aussi attiré beaucoup moins les investisseurs qui achètent ces espaces pour les louer ensuite.
"L'incertitude liée aux nouveaux modes de travail, ainsi que le manque de perspectives économiques ont conduit à un certain attentisme des investisseurs", remarque dans un communiqué Nicolas Verdillon, expert chez CBRE, autre contributeur au bilan.
L'an dernier, 26,3 milliards d'euros ont été investis en immobilier d'entreprise - sur toute la France et non seulement la région parisienne -, soit un déclin de 36%.
"A noter (...) cette année, le recul des investisseurs étrangers et particulièrement les investisseurs asiatiques", souligne dans un communiqué la filiale immobilière de BNP Paribas, membre d'Immostat.