Ce plan de 100 milliards d'euros représente "quatre fois plus que le plan de 2008, un tiers du budget de l'État", a vanté la semaine dernière le Premier ministre Jean Castex devant les patrons réunis à l'université d'été du Medef, pour assurer l'engagement de l'Etat dans cette crise.
Une crise inédite depuis la Seconde Guerre mondiale: après avoir vu le PIB se contracter de plus de 5% au premier trimestre, puis de 13,8% au deuxième sous l'effet du confinement, la France est entrée en récession et le gouvernement prévoit que son PIB s'affaisse de 11% cette année.
Si le rebond de l'activité a été fort au début du déconfinement à la mi-mai, il s'essouffle quelque peu ces dernières semaines, selon des indicateurs économiques publiés ces derniers jours.
En parallèle, sur le front de l'épidémie, la hausse des contaminations et le renforcement des mesures de protection, comme le port du masque généralisé en entreprises, crée un climat d'inquiétude peu propice à restaurer la confiance, pourtant essentielle pour la reprise durable de l'économie.
Après les 460 milliards d'euros de dispositifs d'urgence mobilisés depuis le début de la crise, le plan de relance, qui doit se déployer sur deux ans, vise à soutenir "l'offre et l'investissement", a défendu le Premier ministre.
Il sera donc surtout axé sur le soutien direct aux entreprises, avec comme mesure phare la baisse des impôts de production de 10 milliards d'euros en 2021 et en 2022. Le plan intègre également l'enveloppe de 6,5 milliards de soutien à l'emploi des jeunes, déjà débloquée cet été.
Au-delà des mesures de court terme, l'exécutif veut profiter de l'occasion pour accélérer le verdissement de l'économie française et stimuler la production industrielle sur le territoire, en particulier dans certains secteurs stratégiques comme la santé.
Et la consommation ?
Au total, 30 milliards d'euros iront donc à la transition écologique, dont une partie se recoupe avec les 40 milliards dédiés à la réindustrialisation du pays.
"Cette stratégie +France relance+ que nous allons lancer, ça n'est pas une stratégie pour faire face aux difficultés du moment, ça nous l'avons déjà fait et nous allons continuer (...), non c'est préparer la France de 2030", a défendu le président de la République Emmanuel Macron.
Ce choix du soutien aux entreprises, qui passera également par des simplifications administratives, soulève déjà quelques critiques, certains dénonçant le manque de mesures en faveur de la demande afin d'inciter les ménages à dépenser les 80 milliards d'euros d'épargne engrangés pendant depuis mars.
Car si la consommation a rebondi après le confinement, elle s'est stabilisée en juillet, selon l'Insee.
Outre la hausse de l'allocation de rentrée scolaire et des dispositifs attendus pour encourager les ménages à effectuer des travaux de rénovations dans leur logement, le gouvernement pourrait faire d'autres annonces, mais assume sa stratégie.
"Les revenus des ménages ont été préservés" grâce au chômage partiel, a défendu Jean Castex la semaine dernière. Il n'est donc pas question d'opter pour une baisse massive de la TVA comme en Allemagne.
"La meilleure façon de soutenir la demande c'est de créer des emplois" et donc d'aider les entreprises à le faire, a de son côté estimé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire lors de l'université d'été du Medef.
Reste à savoir si ce plan, qui sera contenu dans la loi de finances pour 2021 et donc voté en fin d'année, n'arrivera pas un peu peu tard pour certaines entreprises.
Avant même le report de son annonce, l'opposition l'avait jugé tardif. "Chaque jour perdu accroît la fracture", avait ainsi critiqué début août Boris Vallaud, porte-parole du PS et député des Landes.