"Nous croyons en ce projet de reprise d'Ascoval par British Steel et nous croyons en l'avenir d'Ascoval", a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire à l'issue d'une rencontre avec les salariés à Bercy.
Le ministre a obtenu du repreneur qu'il rende visite à ces salariés en fin de semaine prochaine.
Le chef du gouvernement, Edouard Philippe, était monté au créneau dans la matinée, affirmant que "les salariés d'Ascoval peuvent être rassurés sur le fait que le repreneur est déterminé à tenir les engagements qu'il a pris", tout comme les collectivités et le gouvernement.
Ce dossier industriel est particulièrement sensible à trois jours des élections européennes en France, et alors que la faillite du sidérurgiste britannique a été annoncée une semaine après la reprise de l'usine du groupe Ascoval par la maison mère de British Steel, la société Olympus Steel Ltd, elle-même détenue par le fonds d'investissement Greybull Capital.
Selon M. Le Maire, "le projet est viable et l'aciérie d'Ascoval a un avenir ne serait-ce que parce que nous voulons avoir un outil sidérurgique français qui soit puissant et nous permette de garantir la réalisation d'un certain nombre de produits".
Le site français a déjà connu une série de déboires, dont en février le retrait d'une offre de reprise par le groupe Altifort, pourtant validée par la justice.
D'ici 12 à 18 mois l'usine Bristish Steel France Rail d'Hayange (Moselle) qui fabrique des rails, doit devenir le principal débouché des blooms ("barres d'acier") produits Saint-Saulve.
"Le plan industriel" est de "combiner Ascoval avec FN Steel (Pays-Bas) et Hayange (Moselle)", qui utilisent l'acier produit à Saint-Saulve, et "est toujours le bon", selon des propos tenus lors de la réunion par le président de British Steel, Roland Junck, et rapportés à l'AFP par une source proche du dossier.
Les salariés ne sont pas rassurés pour autant et attendent désormais la visite de l'actionnaire et de rapides décaissements financiers. Ceux à venir s'élèvent à 22 millions d'euros, selon Bruno Le Maire.
"Je serai rassuré quand on sera au bout. C'est trop grave ce qui se passe.
Il y a des familles qui souffrent", a déclaré à l'issue de la réunion à Bercy Bruno Kopczynski, porte-parole CFDT de l'intersyndicale de l'aciérie.
"On ne peut pas leur dire maintenant 'Youpi vous êtes sauvés' si on apprend ensuite de la bouche de Marc Meyohas (un des dirigeants de l'actionnaire Greybull Capital) ... qu'il n'aura pas les financements", a ajouté M. Kopcynzki.
Inquiétude à Hayange
La faillite de British Steel inquiète aussi les salariés de l'usine France Rail à Hayange, qui fait partie du groupe sidérurgique britannique.
La CFDT, syndicat majoritaire, craint que le site ne soit plus approvisionné par l'usine géante de Scunthorpe dans le nord-est de l'Angleterre, dont l'activité pourrait cesser une fois les actifs de British Steel vendus.
"Si effectivement notre entreprise n'est pas encore en redressement judiciaire ou liquidation, celle-ci dépend directement de l'aciérie anglaise.
Les conséquences d'un arrêt de l'usine de Scunthorpe seraient purement et simplement un arrêt de l'usine d'Hayange et celle de FN Steel en Hollande", selon un communiqué du syndicat.
M. Le Maire a souligné qu'il fallait oeuvrer à une plus grande intégration de Saint-Saulve avec Hayange, mais que cela demanderait du temps avant que le site nordiste, qui produit de l'acier rond, puisse livrer l'acier plat nécessaire à la fabrication des rails sur le site lorrain.
Jordan Bardella, tête de liste Rassemblement national pour les européennes, a estimé sur France 2 "que quand une industrie est menacée, l'Etat doit pouvoir nationaliser de manière temporaire un site industriel".
Le secrétaire national du PCF et député du Nord Fabien Roussel avait noté mercredi qu'"Olympus ce ne sont pas des industriels, c'est un fonds d'investissement, et on en a marre de ces fonds d'investissement qui n'ont comme critère que la rentabilité de leurs actions et qui se servent des salariés comme d'une variable d'ajustement".