Pour cette édition du Marché international des professionnels de l'immobilier (Mipim), qui dure jusqu'à jeudi, les organisateurs attendent quelque 23.000 visiteurs originaires de 90 pays, plus que les 20.000 de 2021, mais toujours moins que les 27.000 de 2019, avant la pandémie.
La thématique majeure mise en avant par les organisateurs est la décarbonation du secteur, la construction des bâtiments et leur usage étant de forts émetteurs de gaz à effet de serre.
La nécessité est d'autant plus impérieuse qu'elle touche aussi au portefeuille, avec l'explosion des prix de l'énergie consécutive à la guerre en Ukraine.
"Ce sujet, il a toujours été abordé, des fois moins, des fois différemment, mais cette année, ce qu'on a décidé d'en faire, c'est un axe fondamental", justifie le directeur du salon, Nicolas Kozubek.
"On veut des conversations aussi pragmatiques que possible, basées sur des plans d'action précis", dit-il.
C'est le prospectiviste américain Jeremy Rifkin, penseur de la transition écologique, qui donnera le discours d'ouverture.
Un "Forum des élus" rassemblera des dirigeants français et européens, pour parler notamment de la ville durable.
"Crise multiple"
Ce salon arrive alors que tout un pan des métiers de l'immobilier est en plein marasme : selon une étude du cabinet de conseil EY et de la Fondation Palladio, qui rassemble les professionnels de la ville en France, le moral des dirigeants du secteur s'est nettement dégradé en 2022.
Parmi plus de 500 professionnels sondés pour cette étude, 51% se disent optimistes pour l'année à venir, contre 84% un an plus tôt.
Promoteurs, constructeurs et aménageurs sont particulièrement à la peine, la faute à un contexte économique très défavorable.
"Il y a une crise multiple qui est à la fois côté offre et côté demande. Côté offre, les promoteurs, constructeurs, bailleurs sociaux... Tous les acteurs à l'origine de l'offre neuve en résidentiel sont confrontés à des hausses de leurs coûts", explique Vincent Desruelles, directeur d'études au cabinet Xerfi.
Côté demande, l'inflation et la hausse du coût du crédit, ont entamé le pouvoir d'achat des acquéreurs, particuliers comme entreprises.
Les principaux promoteurs français, Nexity, Altarea ou Kaufman & Broad, s'attendent donc tous à une année 2023 difficile.
"C'est le cas dans toute l'Europe", ajoute Rob Wilkinson, directeur général Europe du gestionnaire de fonds immobiliers AEW.
"Il y a des projets qui ne vont pas se faire, d'autres qui sont arrêtés ou ralentis", dit-il, les difficultés touchant particulièrement les Britanniques.
"Tension positive"
Une partie de l'écosystème est en revanche loin de la crise: métiers de la rénovation, de l'innovation... aux carnets de commandes souvent débordants depuis la crise sanitaire.
"Le monde de la production et de la technique n'est pas inquiet, il est juste en surchauffe. On a du mal à faire la part des choses entre cette surchauffe et ce qui procède d'une vraie révolution industrielle, des besoins nouveaux et de la réglementation, qui impose la rénovation à marche forcée. Cela met beaucoup de tension, mais très positive, dans cette partie industrielle et technologique", commente Marc Lhermitte, associé de EY.
Tout aussi florissants, les développeurs et exploitants de plateformes logistiques, un secteur dopé par le développement de l'e-commerce ; ou le coliving, sorte de colocation avec services, qui essaime à grande vitesse dans les métropoles.
Cette forme d'habitat, qui vise surtout les jeunes actifs, a droit à son propre sommet, lundi, en amont du Mipim.