C'est le 29 juin que le conseil de surveillance de Foncière de Paris (FDP) doit examiner un rapport d'un expert indépendant sur l'offre concurrente annoncée par Gecina le 19 mai et enrichie mi-juin par une option en obligations subordonnées remboursables en actions (OSRA). Dans la foulée les actionnaires de FDP devraient déclarer leur choix.
Puis l'Autorité des marchés financiers (AMF) devrait déclarer conforme l'offre de Gecina vers le 12 juillet, pour une probable ouverture des deux offres le 22 juillet, jusqu'en septembre.
Mais Eurosic, déjà détenteur de 26,64% du capital de FDP rachetés hors marché aux assureurs Allianz et Generali, et représenté à son conseil d'administration, est déjà en situation de détenir au moins 73% du capital à l'issue de son offre, fait-il valoir.
En effet, les principaux actionnaires de Foncière de Paris, Covéa (29,64%) - par ailleurs actionnaire majeur d'Eurosic -, les Assurances du Crédit Mutuel (ACM, 11,5%), LaTricogne (5,8%) et Assurances mutuelles Le Conservateur (5,5%), ont affirmé leur intention d'apporter leurs titres à son offre.
Quelque 19,09% restent négociables sur le marché, et 1,06% est auto-détenu par FDP.
"Nous sommes convaincus que notre stratégie est meilleure, que notre projet est plus attractif. Notre offre est mieux-disante, sauf pour celui qui veut du cash immédiatement", a déclaré jeudi le PDG d'Eurosic Yan Perchet, lors d'une rencontre avec la presse.
Eurosic met en avant son "fort rythme de croissance", avec un patrimoine passé de 1,8 milliard d'euros en 2011 à 3,3 milliards à fin 2015, sa diversification géographique - elle investit dans la capitale et en régions, alors que Gecina se veut parisienne - et en terme d'actifs.
"Belle pierre" et bataille de communication
En effet, au moment où Eurosic investit dans l'immobilier de loisirs, Gecina se recentre sur les bureaux parisiens, a souligné Nicolas Ruggieri, directeur général délégué d'Eurosic.
L'Offre publique d'achat (OPA) d'Eurosic propose aux actionnaires de FDP d'acheter leurs titres au prix de 136 euros, soit de les échanger à hauteur de 7 actions FDP contre 24 actions ou OSRA Eurosic.
Mais Gecina a surenchéri, annonçant offrir 10% de plus en cash, 12% de plus en titres et 8% de plus en OSRA.
Les deux foncières convoitent le patrimoine immobilier de Foncière de Paris : 2,6 milliards d'euros d'immeubles de bureaux, dont 900 millions investis dans de prestigieuses adresses dans les 6e et 7e arrondissements.
Mais Eurosic se dit davantage intéressé par le reste du portefeuille, constitué notamment d'hôtels, de bureaux au nord de Paris, d'aures actifs très divers (murs de fast-food) et d'opérations de développement.
Quant à la "belle pierre", il se dit prêt à en revendre une partie, en cas de succès de son offre.
Pour justifier son choix en faveur d'Eurosic, Covéa a argué des "problématiques fiscales" et surtout de "réemploi des actifs, en particulier dans l'environnement financier actuel".
Le groupe d'assurance mutuelle préfère être un actionnaire significatif d'Eurosic au terme du rachat, avec environ 20% de l'entité post-OPA, "pouvant peser sur l'évolution de la société, plutôt qu'un actionnaire très minoritaire de Gecina", a interprété le courtier Invest Securities.
"Ces investisseurs sont tous différents les uns des autres, tant en termes de critères de décisions que d'horizons d'investissement", souligne Eurosic pour réfuter tout soupçon d'entente entre actionnaires, évoqué par les dirigeants de Gecina dans la presse.
"Nous avons quelques doutes sur des ententes qui pourraient avoir eu lieu et ne nous interdisons pas de faire des recours", dit-on du côté de Gecina. Comme son rival, Gecina mène une bataille de communication, estimant que les intérêts des actionnaires minoritaires seraient malmenés si son offre mieux-disante, est rejetée.
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