L'objectif n'est pas de s'en prendre à des "propriétaires qui louent leur appartement une ou deux semaines par an quand ils partent en vacances", explique à la presse Ian Brossat, adjoint au logement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo, en lançant la deuxième opération coup de poing de ce type en un an.
"Il s'agit de cibler les professionnels qui louent illégalement leur logement à l'année, et qui souvent achètent un appartement avec l'intention, depuis le départ, de le transformer en meublé touristique", ajoute l'adjoint.
Mardi et mercredi, dans les très prisés Ier et VIe arrondissement de la capitale, des équipes d'agents de la ville vont ainsi contrôler les appartements qu'ils soupçonnent -- après consultation des sites internet, sur signalement des syndics, etc -- d'être loués uniquement à des touristes, à la nuit ou à la semaine, sans autorisation.
Un très chic appartement du quartier de l'Odéon est dans ce cas. En haut d'un beau duplex, un studio a été aménagé, avec son entrée privative, dont les agents retrouvent les photos sur un site internet de location spécialisée. Le propriétaire, qui vient de répondre au coup de sonnette, n'en démord pas : "C'est chez moi, et c'est pour mes beaux-parents quand ils viennent à Paris", dit le quinquagénaire qui ne veut pas être nommé. "Je le loue aussi, mais c'est très occasionnel", proteste-t-il.
"Ce n'est pas de la location occasionnelle", rétorque François Plottin, qui dirige la cellule spécialisée de la direction du Logement et de l'Habitat de la Ville, "je viens de faire une simulation de location de trois mois".
"La foire en permanence !"
Le propriétaire, qui recevra un courrier lui expliquant la règlementation, peut même écoper d'une amende de 25.000 euros par appartement. Car la location de ces meublés, que proposent des dizaines de sites, dont AirBnb est le plus connu, est très encadrée.
Si un particulier loue sa résidence principale, il ne peut pas la proposer plus de quatre mois par an. S'il veut la louer plus longtemps, le logement - qui n'est plus résidence principale - est alors considéré comme une activité économique. Le propriétaire devra alors "compenser" en offrant à la location traditionnelle une surface équivalente, dans le même arrondissement.
Paris est en effet à la perpétuelle recherche de logements pour ses habitants. "Ce qui est en cause, c'est le visage de Paris", avance M. Brossat. La capitale doit-elle être un "parc à touristes ou une ville dans laquelle des salariés, des familles de la classe moyenne peuvent continuer à vivre?" ajoute le responsable, qui évoque une alliance à venir avec New York ou Barcelone pour réagir au phénomène.
Des quartiers comme l'île Saint-Louis, le Marais, le Louvre, le Palais-Royal, font face, à l'instar de Saint-Germain-des-Prés, à de la location "frénétique", observe Jean-Pierre Lecoq, maire LR du VIe arrondissement.
Perte de revenus pour les hôtels sans doute, mais surtout nuisances ou insécurité pour les "vrais habitants". "Les codes (d'accès des immeubles) sont donnés à tout le monde, c'est la foire en permanence !" s'insurge Jean-François Legaret, maire LR du Ier, qui s'associe à la majorité socialiste pour "faire respecter la loi".
Quelque 20.000 logements seraient ainsi proposés à Paris pour des locations de courte durée.
"On estime que 80% ne déclarent rien" aux impôts, estime Didier Chenet, président du Groupement national des Indépendants (GNI), qui regroupe hôtels, cafés et restaurants. Ce style de logement "répond assurément à une attente, mais tout le monde doit être soumis aux mêmes contraintes".
Pour AirBnb France, "la grande majorité" des hôtes à Paris sont des loueurs occasionnels, avec une moyenne de 26 nuits par an. "Nous partageons avec la Mairie de Paris l'objectif commun de développer un tourisme innovant dans la capitale sans impact sur le logement", assure la direction du site.
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