Cette enquête « Tendances Conjoncture AIMCC » a permis de dresser une photographie des perspectives du marché français de tous les produits entrant dans la construction (gros œuvre, second œuvre et équipements).
Après huit ans de récession, huit ans de contraction des volumes de production et des chiffres d’affaires dans la construction, 2016 a été sous le signe de la reprise de l’activité dans le secteur du bâtiment et des travaux publics.
2016 a marqué la fin de 8 ans de crise
Dans le bâtiment, la croissance du secteur s’est établie à +1,9 % en volume en 2016, mettant ainsi un terme à une crise amorcée depuis 2009. Sur cette période, la construction de maisons neuves s’est effondrée, en étant divisée par deux.
En 2016, le logement neuf a été le moteur de la reprise avec près de 380.000 mises en chantier, soit une progression de +10 %, grâce aux ventes 2015 de logements en hausse de plus de 10 %.
Le retournement du non résidentiel s’est révélé plus modeste (encore en léger retrait de -1,5 %), et l’entretien/amélioration a enclenché une progression d’à peine +0,5 %.
Les dispositifs d’incitation publics ont peiné à porter leurs fruits dans les travaux de rénovation énergétique à la différence de la construction résidentielle où les mesures de soutien à l’investissement locatif et à l’accession à la propriété ont permis de réamorcer la demande des ménages (Pinel, PTZ).
Dans les travaux publics, l’année 2016 a également été marquée par un redressement de l’activité de l’ordre de +3 %, mais les huit années de profond marasme économique ont laissé les carnets de commandes à des niveaux historiquement bas. Surtout, les disparités selon la nature des ouvrages restent importantes et le segment de la route, par exemple, n’a pas encore retrouvé le chemin de la croissance.
Dans ce climat de reprise plus ou moins modérée des acteurs de la filière du BTP, les industriels/fabricants de la construction, ont-ils eux aussi perçu un frémissement conjoncturel ?
Les résultats de la première enquête d’opinion menée par l’AIMCC auprès des présidents des organisations professionnelles de fabricants sur les tendances d’activité de 2016 corroborent ce constat. En effet, plus des deux tiers des organisations professionnelles interrogées ont confirmé que leur activité avait cessé de reculer en 2016.
Pour 38 % d’entre elles, cette activité s’est stabilisée à son niveau de 2015 tandis qu’elle a légèrement augmenté entre +1 % et +5 %, pour un tiers d’entre elles.
Ce redressement est d’ailleurs plus sensible chez les professionnels du gros œuvre et des équipements, dont plus de 80 % ont stabilisé ou augmenté faiblement leur volume d’activité, que chez ceux du second œuvre qui, pour 41 % d’entre eux, ont encore enregistré des replis compris entre -1% et -5%.
2017 la reprise, mais une reprise très fragile dans le temps
Du côté du bâtiment comme des travaux publics, l’horizon continue de s’éclaircir.
Avec +18 % de ventes de maisons neuves par les constructeurs, la construction globale de maisons progressera de l’ordre de 5 à 10 % en 2017.
Les ventes de logements collectifs par les promoteurs de +15 % permettront de bâtir cette année de +5 à +10 % de logements collectifs.
Cette évolution de +5 à +10 % résulte des +15 % de logements promoteurs (50% des collectifs neufs) et d’un volume étal des collectifs par les bailleurs (50% des collectifs neufs).
Les transactions dans l’ancien portent un niveau plus haut avec 840.000 transactions en 2016. Ce chiffre est de bon augure pour 2017 dans le secteur de l’entretien/amélioration.
Ainsi dans le segment du logement neuf, et selon la FFB, la croissance du marché s’accélérerait pour atteindre +7 % et l’activité du non résidentiel renouerait avec la croissance pour la première fois depuis neuf ans (+4 %).
Du côté de l’entretien/amélioration, le mouvement serait cependant plus modéré avec une hausse d’à peine 1 %.
Quant aux travaux publics, le manque de lisibilité à moyen terme incite encore les professionnels à la prudence même si la progression récente des marchés conclus augure une activité plus nourrie et en croissance en 2017.
Comme en témoignent les résultats de l’enquête, l’activité des fabricants de produits de gros œuvre, de second œuvre et des équipements devrait ainsi, commencer à profiter de cette conjoncture mieux orientée.
La quasi-totalité des professionnels (95 %) s’attend à une activité haussière en 2017. En effet, aucune profession ne prévoit de baisse et seulement 8 % des professionnels du gros œuvre envisagent encore une stagnation des volumes produits contre 10 % pour les équipementiers.
Cette reprise pourrait rester probablement modérée puisque seulement 1 % des organisations professionnelles interrogées entrevoit des taux de croissance supérieurs à 5 %.
Conclusion et perspectives
Après 8 ans de crise pour les industriels de la construction et 200.000 emplois détruits, l’année 2017 se présente donc positivement pour l’ensemble des produits entrants dans la construction.
Cette reprise pourrait se poursuivre à la condition que les fondamentaux économiques des marchés de la construction restent bien orientés.
Cela suppose que le contexte reste porteur, d'une part sur le plan institutionnel (avec la pérennisation des dispositifs publics de soutien au bâtiment et la poursuite du redressement des investissements en infrastructures des collectivités) et d'autre part sur le plan financier (avec le maintien de taux d'intérêt à un niveau attractif).
Plus globalement, assurer durablement la reprise et la compétitivité de notre filière passent évidemment par :
- L’amélioration des marges de nos entreprises et celles de nos clients.
- La reprise de l’embauche par les poseurs pour maintenir la dynamique positive du BTP et pour des chantiers livrés dans les délais.
- Le soutien durable et constant des pouvoirs publics à la filière construction, via le maintien et l’amélioration de la Loi transition énergétique pour la croissance verte : crédit d’impôt, éco-prêt à taux zéro, TVA réduite.
- La stabilité règlementaire.
- La poursuite de l’innovation.
Et les challenges à relever par tous les acteurs du BTP sont :
- Écouter les attentes du client final en améliorant les prestations (confort, modularité, qualité de réalisation).
- Améliorer la productivité de la conception à la réalisation, en opérant la transition numérique, via notamment l’utilisation du BIM.
- Enfin, réduire l’empreinte environnementale de nos produits pour contribuer à l’atteinte des objectifs contenus dans le PEBN.