L'amélioration qui s'est dessinée au cours de l'été se poursuit cet automne de façon très graduelle. Depuis les mois de juin-juillet, les volumes de production de BPE et de granulats ont cessé de chuter par rapport à ceux de 2015 mais le redressement reste poussif.
L'embellie du marché des matériaux de construction semble plus nette dans le secteur du béton prêt à l'emploi que dans celui des granulats. Ainsi, sur les six derniers mois, allant de mai à octobre, l'activité des granulats s'est raffermie de +0,5% au regard de 2015 tandis que celle du BPE progressait de +3% sur la même période. Ce décalage est assez cohérent avec la conjoncture des différents secteurs d'activité. En effet, principalement destiné aux usages du bâtiment, le BPE profite, avec un certain délai toutefois, du redémarrage des mises en chantier dans le résidentiel. La bonne orientation des demandes de permis en logements et locaux qui se confirme suggère que le mouvement de reprise du BPE devrait se poursuivre, voire s'accélérer, au cours des prochains mois. Quant aux granulats, plutôt utilisés pour les ouvrages de voierie et de génie civil, leur consommation est rythmée par les chantiers des travaux publics et de la route, encore très convalescents. Même si l'horizon s'est également éclairci dans ce secteur, les perspectives manquent encore de lisibilité et de vigueur. Et les fortes inégalités qui persistent dans les territoires traduisent une situation encore loin d'être “normalisée”.
Octobre meilleur mais encore poussif
Après un mois de septembre un peu moins dynamique qu'initialement estimé, la production de matériaux a poursuivi son redressement en octobre. Les livraisons de granulats ont progressé de +1,3% au regard de septembre et de +3,3% comparé au même mois de 2015 (données cvs-cjo). Le redémarrage amorcé au cours de l'été se confirme donc puisque l'activité des granulats s'est redressée de +5,4% au cours des trois mois d'août-septembre-octobre, comparé aux trois mois précédents (mai-juinjuillet).
Elle affiche également une hausse de +3,3% au regard du même trimestre de 2015. Pour autant, le cumul sur les dix premiers mois de l'année se limite à une quasi-stagnation (-0,3%), l'amélioration de la fin 2015-début 2016 ayant été “effacée” par le “trou d'air” du printemps. Du côté du BPE, le profil conjoncturel est très comparable mais le mouvement de redémarrage apparaît mieux enclenché. Les livraisons se sont certes stabilisées entre septembre et octobre (-0,5%, cvs-cjo) mais se situent +4,1% au-dessus du niveau de celles de 2015. Sur les trois derniers mois connus, l'activité s'est raffermie de +3,4% par rapport aux trois mois précédents et de +5,1% à comparé à la même période il y a un an. En cumul sur les dix premiers mois de l'année, la production de BPE affiche désormais une hausse de +2,1% sur un an.
Notre indicateur du marché des matériaux décrit les mêmes tendances de fond à quelques nuances près. Après un deuxième trimestre en repli de -2,6%, l'activité se serait redressée de +3,3% au troisième trimestre sur un an. Au final, en cumul sur les dix mois de 2016, le marché des matériaux afficherait une légère hausse de +0,8% sur un an (données provisoires).
Bâtiment : une reprise dans toutes les régions
Dans un contexte de taux d'intérêt aux prêts immobiliers historiquement bas (1,33% en octobre selon l'Observatoire du financement des marchés résidentiels -Crédit Logement) et de soutien public à l'investissement locatif, le marché du logement neuf poursuit son franc redressement. Même si les promoteurs immobiliers ont fait preuve de moins d'optimisme en octobre, anticipant une légère baisse de la demande liée à un effet de saisonnalité (les projets des ménages se profilent davantage au printemps que pendant l'hiver), le niveau de la demande est jugé proche de la normale et les perspectives de mises en chantier demeurent audessus de leur niveau moyen de long terme. Du côté de la construction, les demandes de permis logements ont bondi de +6,3% entre le troisième et le deuxième trimestre qui avait déjà affiché une hausse de +5,5% par rapport au premier (données cvscjo).
La dynamique est surtout solide dans le segment du collectif (+10,9% contre -0,5% dans l'individuel). A fin septembre et en cumul sur douze mois, on dénombrait ainsi 432 300 permis, soit une progression de +14,3% par rapport aux douze mois précédents. Les mises en chantier ont en revanche marqué une pause : après une hausse de +4,9% au deuxième trimestre, elles se sont repliées de -2,6% au troisième (données cvs-cjo). En cumul annuel, le nombre de logements commencés atteignait 367 000 unités à fin septembre, laissant la progression sur un an à +8,1%. Si le redémarrage des mises en chantier ne concerne pas encore la totalité des régions de France, la hausse des autorisations, en revanche, s'est généralisée à tous les territoires. Certes le taux d'annulation des permis, surtout dans le collectif, demeure assez élevé au regard de la moyenne de long terme (23,1% contre 20,5%) mais, en contrepartie, le délai d'ouverture des chantiers continue de se réduire (à 8,1 mois dans le collectif contre une moyenne à 10,7 mois). Enfin, la dernière enquête menée auprès des professionnels du bâtiment en novembre confirme la nette amélioration de la conjoncture, l'indicateur synthétique du climat des d'opinion sur l'activité future et passée sont désormais nettement au-dessus de la moyenne de long terme, que ce soit dans le gros ou le second oeuvre, le résidentiel ou le non résidentiel.
TP : une reprise encore fragile
Etroitement lié au secteur des granulats, le marché des travaux routiers demeure poussif même si le mouvement de redressement semble amorcé. Après un bon mois d'août, l'activité s'est raffermie de +4% en septembre par rapport à l'an passé mais, en cumul depuis janvier, elle demeure en repli de -0,4% en valeur. Dans les travaux publics, l'amélioration de l'activité et des prises de commandes s'est confirmée au troisième trimestre. Les facturations, davantage portées par la commande privée que publique, se sont redressées de +7,3% en valeur par rapport au troisième trimestre de 2015 et les marchés conclus ont progressé de +16,3%. En cumul sur neuf mois, l'activité des TP affiche ainsi une hausse de +4,2% sur un an.
En octobre, les professionnels étaient plutôt confiants pour les trois prochains mois bien que le solde de l'activité prévue auprès de la clientèle publique se replie. Dans ce contexte global, le redressement de l'activité des matériaux devrait se poursuivre les mois à venir, même si l'année 2016 pourrait s'achever sur un rythme un peu en deçà que prévu. Pour 2017, la prévision reste inchangée avec une hausse attendue de +3% en volume dans le BPE et de +2% dans les granulats, le manque de vigueur et l'incertitude du marché des travaux publics et de la route pesant encore sur le secteur.