Si ces bons résultats sont sans doute imputables à un phénomène de rattrapage, ils traduisent aussi le retour vers une trajectoire de croissance de l’activité qui s’était dessinée courant 2016. En effet, compte tenu de la bonne orientation des différents indicateurs d’activité, la demande de matériaux devrait s’installer sur une dynamique haussière en 2017 : les permis de construire dans le segment du logement et des locaux d’activité progressaient encore à un rythme soutenu à fin février tandis que, du côté des travaux publics et des travaux routiers, les carnets de commandes ont continué de se regarnir début 2017. Au-delà des volatilités saisonnières, la production de BPE et de granulats ressort ainsi, à fin février, sur un « trend » légèrement haussier, le rythme étant toutefois plus modeste pour les granulats.
Un mois de février qui “efface” janvier
Après un mois de janvier perturbé par les intempéries hivernales et les traditionnelles opérations de maintenance sur les installations, l’activité a enregistré un rattrapage en février. Ainsi, les livraisons de granulats se sont raffermies de +9,8% par rapport à janvier et de +7,6% par rapport à janvier de 2016 (données cvscjo).
De sorte que, sur les trois derniers mois connus (décembre-janvier-février), l’activité s’est quasiment stabilisée au regard du trimestre précédent (+0,2%) et s’est très légèrement infléchie en glissement annuel (-0,4%). En cumul sur les deux premiers mois de l’année 2017, les livraisons de granulats affichent encore un recul de -1,3% sur un an, après une année 2016 qui a enregistré un repli global de -1,6% (-0,9% en données brutes). Du côté du BPE, la production a également rebondi, de +14,1% par rapport à janvier et de +13,2% au egard de février 2016. Ce redressement permet là aussi de compenser partiellement le repli de janvier et, sur les trois mois allant de décembre à février, la tendance de l’activité ressort à +0,3% par rapport au trimestre précédent et à +1% comparé à la même période d’il y a un an. En cumul sur les deux mois de 2017, la production reste haussière à +2,1% sur un an, après une rogression de +2,4% en 2016 (+3,2% en données brutes).
Ce profil heurté de l’activité du début d’année se retrouve également dans les autres matériaux. Après une année 2016 qui avait permis de renouer avec une légère croissance de l’activité (+0,6% contre -6,5% en 2015), les données provisoires suggèrent une baisse de -1% sur les deux premiers mois de 2017. Toutefois, l’accélération de l’activité constatée au second semestre 2016 devrait en toute logique se confirmer au cours de 2017. La progression du nombre d’intérimaires dans le secteur de l’industrie des matériaux de construction au cours du troisième trimestre 2016 (+5,2% sur un an selon les données de la DARES) constitue à ce titre un signal tangible de cette tendance.
Le bâtiment reste au beau fixe
En mars, et selon la dernière enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie du bâtiment menée par l’INSEE, le climat des affaires est resté stable et se maintient quasiment à sa moyenne de long terme.
Le solde d’opinions des entrepreneurs sur l’activité passée s’est légèrement replié, mais celui de l’activité prévue s’est en revanche redressé pour se situer au-dessus de son niveau moyen de longue période. Les perspectives d’activité sont bien orientées dans l’ensemble des secteurs, gros oeuvre et entretien-amélioration compris. Si les carnets de commandes sont jugés un peu moins garnis en mars, leur niveau s’est stabilisé à 7 mois d’activité (compte tenu des effectifs actuels), soit un niveau supérieur à la moyenne de long terme (5,5 mois). Les dernières données sur la construction confirment un niveau plutôt soutenu de l’activité. À fin février, en variation d’un trimestre sur l’autre, les mises en chantier de logements neufs continuaient de progresser (à un rythme certes ralenti par rapport au trimestre précédent), la dynamique du segment de l’individuel semblant prendre le pas sur celle du collectif. Sur les trois derniers mois allant de décembre à février, et comparé à la même période de l’an passé, les permis grimpent encore de +15,5% et les mises en chantier de +8,6%. En cumul sur douze mois, on enregistre ainsi 463 400 autorisations (+14,4%) et 387 000 logements commencés (+13%). Cette vigueur de la construction neuve se retrouve aussi dans les locaux d’activité dont les surfaces autorisées augmentent de +2,4% en cumul sur les douze derniers mois, pour un volume de surfaces commencées en progression de +3,6%. La dynamique constructive semble donc solidement enclenchée. Certes, le risque d’une poursuite de remontée des taux d’intérêt n’est pas à écarter.
Mais leur niveau reste faible (1,49% en février contre un point bas à 1,31% en novembre 2016 selon l’Observatoire du crédit Logement) et, surtout, l’accélération du rythme de l’inflation minore le niveau des taux réels. En outre, l’allongement récent de la durée des crédits (à 214 mois en moyenne en février) compense largement la hausse des taux.
Coup de froid sur les TP en janvier
À l’instar des matériaux de construction, l’activité des travaux publics a également souffert de l’offensive hivernale en janvier, enregistrant une contraction de -10,6% par rapport à janvier 2016 et un bond des heures chômées au titre des intempéries de +63% par rapport à un mois de janvier moyen. Toutefois, selon la FNTP, les perspectives pour le premier trimestre restent favorables et les travaux devraient être portés par la commande privée, conjuguée à un frémissement de la demande des opérateurs publics. Les carnets de commandes (qui se sont étoffés de près d’un mois en janvier par rapport au niveau moyen de long terme) se regarnissent sous l’effet de la montée en charge du projet du Grand Paris mais aussi de certains chantiers liés aux infrastructures de transport ou au plan de relance autoroutier.
Dans ce contexte global plutôt porteur, la Commission économique de l’UNICEM a confirmé ses perspectives de croissance de la production des matériaux de construction en 2017, à +2% pour les granulats et à +3% pour le BPE. Si le potentiel de rebond est non négligeable compte tenu de la bonne orientation des fondamentaux, les incertitudes liées au scrutin des élections présidentielles le sont tout autant. Le devenir de l’actuelle politique de soutien au logement tout comme les arbitrages de dépenses publiques et de financement des collectivités seront déterminants pour la fin 2017 et 2018.