La genèse du projet : une ambition urbaine et artistique collective
Capable d’inverser la logique d’enclavement qui aura marqué les secteurs environnants des Provinces-Françaises, Anatole-France, Marcellin-Berthelot et de l’Université de Nanterre, ce nouvel espace au coeur du quartier a pour vocation de devenir un lieu d’échanges et de partages. Il incarne une grande symbolique et une forte attente pour les habitants, les travailleurs et les étudiants. L’inauguration le 17 décembre 2015 de la nouvelle gare RER Nanterre-Université, en a été l’événement fondateur.
Les travaux de construction se poursuivront jusqu’en 2020 et les futurs espaces publics environnants, notamment la place Patrice Chéreau, ne seront livrés en quand 2019. Dans ce contexte, comment le chantier peut-il déjà initier cet objectif de croisement et de rencontre tant attendu ?
L’objectif d’inscrire plusieurs interventions artistiques et culturelles sur le site du chantier, vise à accompagner et expérimenter collectivement ces espaces publics et mettre en lien la fabrique de la ville avec les acteurs locaux et les habitants.
Une collaboration de differents acteurs
Initié en octobre 2015, le laboratoire artistique est un projet partenarial qui rassemble la Ville, des acteurs locaux et les habitants de Nanterre, UrbanEra® - Bouygues Immobilier, Cultiverlaville et l’EPADESA. En partant de l’objet initial de la commande « faire une oeuvre dans un chantier », l’engouement des différents acteurs pour l’approche artistique urbaine et la volonté d’expérimenter ensemble une nouvelle façon de fabriquer la ville, a abouti à des propositions et à des supports complémentaires.
CultiverLaVille : une combinaison de plusieurs situations artistiques
Certaines questions méthodologiques sont récurrentes dans l’aménagement de nouveaux quartiers en coeur de ville : Comment appréhender la ville non plus comme un produit fini mais comme une entité vivante et dynamique ? Comment trouver les liens entre une vision stratégique globale et des territoires habités, empreints d’histoires singulières et collectives ?
Le thème de l’ancrage et du lien, entre ce qui se construit et ce qui est « déjà là », est le sujet central de notre stratégie urbaine et culturelle. Ainsi, le fait de concevoir une démarche artistique éphémère et participative permet de mettre en exergue le processus de fabrication de la ville et de penser sa transformation sur le mode de l’accompagnement par les artistes et les habitants.
L’idée de Laboratoire artistique proposée par Cultiverlaville et adoptée par les acteurs du projet, présente l’originalité de plusieurs « situations artistiques». Rassemblant des artistes confirmés et des acteurs locaux amateurs, sur différents temps d’échanges entre la conception et la réalisation, ce laboratoire permet de créer une dynamique tout au long de l’année 2016. Le street-art a été privilégié car il démontre depuis plusieurs décennies comment l’art, à l’échelle du quotidien et de l’habitant, participe de la vivacité et de l’ambiance du paysage urbain.
Trois temps forts
Trois situations artistiques rythmeront la vie du chantier à partir du printemps 2016 :
- une peinture murale de 130 mètres de long face à la gare Nanterre-Université -25 avril au 14 mai 2016
- des ateliers In situ en lien avec les structures locales - 09 au 13 mai et une porte ouverte au public le 14 mai 2016
- une performance multimédias : l’Akrylonumérik - septembre 2016
Le mur de 130 mètres : face au parvis de la nouvelle gare RER Nanterre Université
Le site
D’une envergure paysagère propice à une intervention picturale (130 mètres de long et 15 mètres de haut), le mur accueillera une oeuvre d’une surface d’environ 1.000 à 1.500 m². Lauréat d’un concours organisé par l’Espace d’Art de La Terrasse de la Ville de Nanterre et Cultiverlaville, le collectif 100 PRESSION a été sélectionné pour réaliser l’oeuvre éphémère.
Le collectif 100 Pression
Composé de six membres issus de l’univers du graffiti, ce collectif s’organise autour d’un noyau dur de créativité et de coordinations de projets et pour ambition la diffusion de la culture graphique et urbaine. Avec l’imaginaire collectif comme matière première, ces artistes apprennent à se jouer des codes et des symboles pour plus d’impact dans leurs réalisations qui deviennent des univers entiers cohérents, tout en ayant la volonté d’aller à la rencontre des publics dans une perspective d’interactivité et de démocratisation de l’art.
Leur projet
Pour le MUR130M, le collectif 100 PRESSION joue sur la notion de rythme en mettant en perspective la vitesse des modes de transport avec celle de l’écriture, à la fois dans la forme et dans le sens, en inscrivant le mot DUCTUS sur la totalité du mur : «En écriture, le ductus est l’ordre et la direction mais aussi la vitesse et le rythme selon lesquels on trace les traits qui composent la lettre.» Répondre au caractère cinétique du site au travers de la calligraphie et en jouant des échelles et du rythme des écritures, permet de concentrer le regard sans le figer. L’oeuvre calligraphique intègre ainsi le paysage ferroviaire recouvert d’une diversité de graffitis, de typographies et de signes. Le résultat ainsi obtenu alliera des lettres et des formes dont l’échelle architecturale fera référence aux bâtiments du futur quartier, comme une prémonition de la disparition de l’oeuvre absorbée par la ville.
Ateliers in situ : faire avec, faire ensemble
Les Ateliers In situ se développent en deux étapes : un temps de résidence en lien avec les structures locales et un temps de mise en oeuvre et de restitution. Le collectif Douze Douze est en résidence depuis six mois afin de concevoir avec une vingtaine de structures locales (écoles, centres de loisirs, centres sociaux, associations, etc.) une oeuvre collective qui sera réalisée dans le chantier.
Ce projet inscrit dans le long terme, a demandé un travail transversal réunissant les compétences de différents services de la Ville de Nanterre : la Direction du développement Culturel, la Direction de la Vie Citoyenne avec la Maison de Quartier Berthelot et la Direction des Services Techniques de la Ville. L’oeuvre collective sera visible par tous le samedi 14 mai, lors d’une journée porte ouverte du chantier.
Une oeuvre collective
Le collectif de plasticiens Douze Douze a invité les partenaires du projet et les habitants des quartiers riverains à écrire ensemble la pré-histoire de ce nouveau quartier enconstruction. Pour l’occasion, Douze Douze a écrit un conte et imaginé de grandes figures qui seront peintes sur les murs du chantier afin de réunir l’ensemble des productions plastiques des vingt structures participants à «Coeur de Chantier». Du 9 au 14 mai, les participants se réuniront autour du collectif Douze Douze pour réaliser leurs projets in situ, sur le chantier et sur les surfaces disponibles (mur de 130 mètres de long, parois du tunnel, piliers).
Le collectif Douze Douze
Douze Douze est un collectif d’artistes plasticiens qui s’est constitué en 1995 en région parisienne autours des liens entre les arts urbains et les technologies multimédia. Pour Douze Douze, l’art contemporain est le fruit d’une réflexion globale et locale sur la culture et la société visant à expérimenter l’appropriation de l’espace public au travers de pratiques artistiques variées : street art, graffity, graffisme, musique, danse, performances et installations. Il puise leur inspiration dans une démarche d’échange des savoirs faire qui passe avant tout par l’expérimentation collective.
L'Akrylonumerik : une rétrospective dynamique du laboratoire artistique
Akrylonumérik est un collectif d’artistes composé de 8 graffeurs. Mêlant le street art et la création numérique et digitale, le projet s’appuie sur un concept de performance multimédia réalisée en live, dans le but de créer des oeuvres évolutives et uniques, visibles et vécues dans l’instant. Ces artistes expérimentent la rencontre et le croisement entre trois médiums habituellement séparés – musique, peinture et technologie numérique – en projetant une création vidéo avec laquelle ils entrent en dialogue en venant coller et peindre directement sur le mur de la projection.
Pour «Coeur de Chantier», la performance aura lieu dans le chantier en septembre 2016. Il s’agira d’une création multimédia unique ayant pour matière de création, l’évolution du quartier d’hier à aujourd’hui. Cette performance est une narration dynamique du chantier intégrant l’expérience collective et artistique du Laboratoire.
www.mairie-nanterre.fr
www.epadesa.fr