Cette évolution apparaît en phase avec l'amélioration des indicateurs de la construction constatée depuis plusieurs mois aussi bien dans le secteur du bâtiment, avec la progression des mises en chantier de logements et de locaux non résidentiels, que dans celui des travaux publics, avec la tendance haussière des facturations.
Cette évolution vient également corroborer la récente réévaluation de nos estimations pour 2016 (à +1 % pour les granulats et +3 % pour le BPE en données brutes), ce d'autant que les dernières enquêtes sur les perspectives d'activité des professionnels restent bien orientées.Les demandes de permis dans le bâtiment continuent d'augmenter et la bonne tenue des prises de commandes dans les travaux publics ne se dément pas. Si le chemin vers un retour à la « normale » semble encore long et plus ou moins chaotique selon les régions, le réveil de l'activité est bien là.
Septembre confirme le bon mois d'août
Après un rebond de l'activité au mois d'août, les volumes de livraisons des matériaux se sont stabilisés en septembre, à un niveau en hausse de +6 % dans les granulats et de +6,4 % dans le BPE par rapport à ceux de septembre 2015 (données cvs-cjo). Associé à un mois de juillet plutôt bien orienté, le troisième trimestre affiche donc un net raffermissement, à la fois au regard du trimestre précédent comme au regard du même trimestre d'il y a un an. Ainsi, l'activité des granulats a grimpé de +6 % par rapport au deuxième trimestre et de +3,8 % sur un an.
En cumul sur les neuf premiers mois de l'année 2016, la production de granulats est ainsi quasiment stabilisée à son niveau de l'an passé (-0,2 %). Dans le BPE, la tendance est similaire mais plus marquée. Entre le deuxième et le troisième trimestre, la production a augmenté de +3,9 % et de +5,8 % par rapport au troisième trimestre de 2015. Le redressement de l'activité sur l'année est plus net, le cumul sur neuf mois laissant apparaître une progression de près de +2 % sur un an (cvs-cjo).
Ce mouvement semble partagé par l'ensemble des matériaux. Ainsi, sur la base de données encore provisoires, l'indicateur Matériaux aurait affiché une progression de +4,5 % sur un an au troisième trimestre 2016 après un deuxième trimestre en repli de -2,6 %.
De sorte que sur les neuf premiers mois de 2016, l'indicateur renouerait avec une légère hausse de +0,7 %, les matériaux destinés au segment de la construction résidentielle affichant une tendance un peu plus vigoureuse que ceux destinés aux travaux publics.
Le bâtiment reste bien orienté
Les données de la construction de logements à fin août confirmaient la bonne tenue des autorisations avec une hausse de 2,2 % des dépôts de permis sur les trois derniers mois par rapport aux trois mois précédents (données cvs-cjo), la dynamique restant plus soutenue dans le segment du collectif (+3,7 %) que dans celui de l'individuel (+0,1 %). En revanche, le nombre de logements mis en chantier a reculé de -0,7 % sur la même période, le repli étant cette fois imputable au seul segment collectif (-2,8 % dans le collectif contre +2,6 %). Rapportées à la même période d'il y a un an, les autorisations comme les mises en chantier restaient sur une dynamique haussière (de +6,6 % et +5,7 % respectivement). Quant aux professionnels du bâtiment, la dernière enquête de l'INSEE menée sur le mois d'octobre traduit une stabilisation du climat conjoncturel.
Le solde d'opinion sur l'activité passée s'est redressé, retrouvant des niveaux qu'il n'avait pas atteints depuis fin 2011-début 2012, tandis que celui des perspectives se replie légèrement tout en restant au-dessus de sa moyenne de long terme. En dépit d'une activité bien orientée dans le segment du logement et du non résidentiel, les professionnels jugent encore leurs carnets de commandes très peu remplis. Plusieurs facteurs devraient permettre à l'activité du bâtiment de continuer à se raffermir fin 2016 et 2017 : à commencer par un environnement institutionnel favorable (avec le maintien des mesures de soutien dans le budget 2017 comme le zPTZ+, le dispositif Pinel…), mais aussi des conditions de crédit particulièrement attractives (avec des taux d'intérêt de prêt habitat à 1,4 % en septembre) et un marché de l'ancien très dynamique.
Si les prix des logements continuent d'augmenter (+0,8 % sur un an au deuxième trimestre dont +1,0 %pour les logements neufs et +0,7 % pour les logements anciens), la baisse des taux de crédit contribue à restaurer une certaine solvabilité. En effet, le repli des taux équivaut, selon l'Observatoire du Crédit Logement, à une diminution des prix des logements de -7 % depuis un an et de -24 % depuis décembre 2011. Reste que, en raison d'une hausse continue du coût des opérations réalisées par les ménages (+3,4 %sur les 9 premiers mois de 2016 sur un an, après +2,2 % en 2015), le coût relatif de l'achat logement ne cesse de croître pour atteindre en septembre son plus haut niveau depuis le début des années 2000. Toujours selon l'Observatoire du Crédit Logement, il représente en effet 4,03 années de revenus à fin septembre 2016 (contre 3,81 années un an plus tôt), la progression des revenus étant plus lente que celle du coût des opérations immobilières.
TP : une amélioration à confirmer
Tout comme pour les matériaux, l'été a été plutôt clément pour la conjoncture des travaux publics. Après un mois de juillet encourageant, l'activité a continué de se raffermir en août, les travaux réalisés ayant progressé de près de 10 % (données en valeur, cvs-cjo) par rapport à août 2015, certes très bas. En cumul sur les huit premiers mois de l'année, les facturations s'inscrivent en hausse de 4,1 % tandis que les prises de commandes poursuivent leur redressement (+12,9 %).
Les travaux routiers ont également connu un certain rebond en août (+15 % sur un an) même si, en cumul sur huit mois, la tendance demeure baissière (à -1%). Encore poussif et inégal selon les spécialités et les territoires, ce redémarrage de l'activité des travaux publics devrait bénéficier de certains facteurs de soutien (plan de relance autoroutier avec éventuelle reconduction, chantiers du Grand Paris, réduction de moitié de la baisse des dotations de l'Etat…).
Mais pour l'heure, la visibilité en termes de carnets de commandes reste très limitée notamment s'agissant de la clientèle publique.