La ministre de la Culture, Audrey Azoulay "souhaite favoriser ce projet de chantier école et a décidé de suivre les recommandations de la Commission nationale (des monuments historiques) en donnant son accord au lancement des études", a indiqué le ministère de la Culture dans un communiqué.
Élevée au début du XIIIe siècle et démontée à la suite d'une tornade survenue en 1846, cette flèche était haute de 86 mètres. Le projet, porté par la mairie de Saint-Denis, propose de la reconstruire à l'identique.
Le 30 janvier, la Commission des monuments historiques avait émis (par huit voix contre six et deux abstentions) des réserves sur le projet, en demandant notamment des précisions sur la solidité de l'ouvrage.
Mais la ministre a décidé d'aller de l'avant après avoir rencontré la semaine dernière le maire de Saint-Denis, Laurent Russier (PCF) et le président de Plaine Commune, Patrick Braouezec (FG), qui portent le projet.
"Les élus locaux y voient une occasion unique d'impliquer et de fédérer la population autour de ce patrimoine commun", note le communiqué du ministère de a Culture en soulignant que Valérie Pécresse, présidente (LR) de la région, "a également fait connaître son soutien, notamment en termes d'emploi et de formation".
Les nouvelles études, censées lever les réserves de la Commission des monuments historiques, vont devoir "faire la preuve du caractère exceptionnel du chantier de la flèche en matière d'utilité sociale, d'adhésion et de participation populaire", a prévenu le ministère.
Les études devront notamment permettre "d'apporter toutes les assurances, au regard d'investigations complémentaires qui restent à conduire, que le massif occidental de la basilique pourra supporter sans dommage le chantier et le poids d'une tour et d'une flèche reconstruite".
Faire vivre la République
Elles devront également démontrer que l'opération sera "autofinancée" grâce aux recettes générées par la visite du chantier et le mécénat, "préservant ainsi le financement par l'Etat des travaux indispensables pour la basilique".
Président du comité de soutien pour la reconstruction de la flèche après avoir été président de l'association pour la reconstruction de la frégate de La Fayette, "L'Hermione", l'écrivain et académicien Erik Orsenna estime que "le patrimoine de Saint-Denis mérite d'être restauré". "Je suis très heureux" de la décision du ministère de la Culture, a-t-il dit à l'AFP.
"Reconstruire est une formidable manière de faire vivre la République", a-t-il assuré. "Voir comment se construit un morceau de cathédrale à portée de métro et à un endroit qui réunit chaque dimanche, sur un marché, 130 nationalités, c'est quand même pas mal".
Le chantier de l'Hermione avait attiré à Rochefort (Charente-Maritime) 4,6 millions de visiteurs, dont la visite payante avait financé à plus de 60 % le projet.
Autre son de cloche pour Alexandre Gady, professeur d'histoire de l'art à la Sorbonne et président de l'association "Sites et Monuments", opposée à la reconstruction.
Selon lui, la reconstruction de la flèche n'est pas justifiée. "Les motivations d'un tel projet sont d'abord politiques. On veut redonner de l'attractivité à ce département durement touché par le chômage et les problèmes d'intégration. Hélas, si la flèche neuve de Saint-Denis permettait de transformer cette situation, cela tiendrait du miracle!", a-t-il déclaré au journal La Croix.
Les adversaires des reconstructions mettent aussi en avant la Charte de Venise de 1964, texte qui codifie les travaux effectués sur les édifices patrimoniaux et s'élève contre les ajouts arbitraires.
Le coût des travaux de reconstruction de la flèche est estimé à 13 millions d'euros.