La disparitation soudaine du PDG d'Eiffage annoncée le vendre 23 octobre, plonge le groupe de BTP dans l'incertitude. Agé de 47 ans, Pierre Berger avait succédé au fondateur Jean-François Roverato à la tête d'Eiffage en août 2012.
"Eiffage annonce avec une grande émotion et une profonde tristesse que son président directeur général, Pierre Berger, est décédé cette nuit", indique un communiqué du groupe diffusé vendredi matin.
Le patron d'Eiffage a été victime d'une crise cardiaque, a précisé à l'AFP l'entreprise, dont le conseil d'administration va se réunir lundi. Jean-François Roverato, 71 ans, doit normalement y participer en sa qualité de vice-président du conseil d'administration et administrateur référent.
L'action du groupe, concepteur de plusieurs fleurons du patrimoine architectural français comme le viaduc de Millau, a fini pratiquement à l'équilibre à la Bourse de Paris vendredi (-0,07% à 56,40 euros), après avoir reculé en séance à la suite de l'annonce du décès de M. Berger. Sous sa houlette, la valorisation boursière du groupe avait plus que doublé pour atteindre 5,3 milliards d'euros.
Pierre Berger, polytechnicien et diplômé de l'école des Ponts et Chaussées, créé sa propre entreprise à la fin de ses études, un cabinet intégré plus tard à Vinci.
Il gravit ensuite rapidement les échelons du géant du BTP, mais sa carrière est freinée au début de l'année 2010 quand des barons du groupe lui reprochent sa gestion de certains chantiers et une parole parfois trop libre.
Il est choisi à la fin de cette même année par le conseil d'administration d'Eiffage pour devenir directeur général délégué du groupe, un poste de numéro 2 derrière Jean-François Roverato en attendant de prendre sa suite.
"Avec la disparition brutale de Pierre Berger, c'est un concepteur et un entrepreneur, innovant, créatif qui disparaît", a réagi le Premier ministre Manuel Valls.
"Dirigeant charismatique" pour le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, Pierre Berger a su, selon le président du Medef Pierre Gattaz "poursuivre avec vision la croissance du groupe et renforcer sa dynamique de conquête des marchés internationaux".
"Pierre Berger était vraiment l'homme qui a su succéder à Jean-François Roverato, notre ancien PDG, un homme assez charismatique", a estimé Philippe Luppo, coordinateur CFDT au sein du groupe Eiffage.
La CGT, par la voix de Jean-Claude Saillard, s'est montrée moins élogieuse, lui reprochant des manques dans le dialogue social régnant à Eiffage, qui est détenu à hauteur de 24,3% par ses salariés.
Mais les deux organisations syndicales s'accordent sur l'absence de successeur putatif suite à cette disparition d'un dirigeant dans la force de l'âge.
Eiffage, qui a réalisé l'an passé un chiffre d'affaires de 13,98 milliards d'euros, "peut s'appuyer néanmoins sur des bases très solides", selon un expert du secteur de la construction.
"Pierre Berger a vraiment contribué à redresser le groupe en menant une restructuration en particulier dans la partie construction et en supervisant son refinancement et son désendettement", juge-t-il.
Fin août le groupe, qui emploie 66.000 collaborateurs, a annoncé un bénéfice net en hausse de 14,5% au premier semestre, à 79 millions d'euros, et confirmé ses objectifs pour 2015 d'une "nouvelle progression" de son résultat net.
"Le groupe sera bien plus facile à diriger que dans la situation dans laquelle il l'a trouvé, le souci c'est qu'il cumulait les fonctions de président et de directeur général, ce qui est toujours délicat", analyse un autre expert.
"Il y aura certainement des candidats en interne peut-être pour assurer la transition avant de chercher à l'extérieur par la suite", ajoute cette même source.
Certains évoquent déjà un retour, même temporaire, de Jean-François Roverato, à la direction d'Eiffage.
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