Avec ce texte, le gouvernement cherche à garantir l'accès au logement pour les populations dans les grandes villes touristiques, et à répondre aux critiques des hôteliers qui crient à la concurrence déloyale des sites de location en ligne de logements meublés de courte durée.
Le texte permet aux communes de plus de 200.000 habitants et à celles de la petite couronne parisienne de créer un numéro d'enregistrement pour les meublés faisant l'objet d'une location de courte durée, afin de pouvoir vérifier qu'ils n'excèdent pas la durée limite légale de location de 120 jours par an lorsqu'il s'agit de résidences principales. Avec le cas échéant, des amendes pour les loueurs intensifs qui empiètent sur les plates-bandes des professionnels.
Le syndicat hôtelier Umih et son syndicat associé GNC (Groupement national des chaînes) se sont immédiatement félicités dimanche de la publication du décret: Face à Airbnb, Homeaway et Abritel, "la France se dote enfin d'outils pour permettre contrôle et transparence des locations meublées", souligne un communiqué reçu à l'AFP.
Les deux entités "appellent les municipalités à se saisir de cette nouvelle opportunité sans plus attendre".
Airbnb de son côté met en valeur la difficulté de mise en oeuvre efficace du système: les collectivités devront procéder à des dizaines de milliers de contrôles et les particuliers devront faire plus de formalités en ligne: la simplicité du système actuel sera perdue.
La plateforme californienne, pour laquelle Paris est l'un des premiers marchés du monde avec 65.000 logements revendiqués, se défend de vouloir "ubériser" l'hôtellerie française, et dit vouloir au contraire promouvoir des solutions pro-actives pour développer le marché touristique.
Dans cet esprit, elle a trouvé "des solutions de collaboration avec les collectivités locales pour la collecte automatique de la taxe de séjour qui sera étendue à 50 communes au 1er mai", indique son communiqué.
Elle a aussi proposé en décembre à la ville de Paris de mettre en place un système de blocage automatique des personnes qui louent leur appartement plus de 120 nuits par an, et de lui transmettre les coordonnées de tous ceux qui demandent à dépasser ce seuil fatidique, permettant ainsi des contrôles ciblés et efficaces.
Selon AirBnB, ce système automatique de blocage a déjà été mis en place à Londres (à 90 nuits, selon la réglementation locale), et à Amsterdam. "Il permet d'avoir la certitude que les hôtes Airbnb ne partagent pas leur logement plus de 120 nuits par an, à moins qu'ils ne disposent d'une autorisation pour le faire" dit un communiqué de Airbnb dimanche. "Cela marche très bien" a ajouté un représentant d'Airbnb.
"Nous sommes dans l'attente d'une réponse de la ville de Paris", a-t-il ajouté en précisant que la plateforme californienne a proposé ce modèle à d'autres villes en France.
Paris souhaite une mise en oeuvre rapide
La Ville de Paris "souhaite une mise en oeuvre rapide" de ce décret a indiqué mardi l'exécutif parisien.
Le décret, paru au Journal officiel dimanche, "a été publié, j'en suis très heureux", a indiqué à l'AFP Ian Brossat, adjoint PCF au Logement de la maire PS de Paris Anne Hidalgo.
La mesure sera soumise aux voix des élus parisiens lors d'un prochain Conseil de Paris, à une date qui n'est pas encore fixée, mais "nous souhaitons une mise en oeuvre rapide", a ajouté l'élu.
Paris multiplie les initiatives pour lutter contre la location meublée touristique illégale, qui se développe dans la capitale au détriment du secteur hôtelier et contribue à une pénurie de logements pour la location non-touristique.
La ville de Paris étudie la proposition d'Airbnb de mettre en place un système de blocage automatique dès lors que le maximum des 120 nuits est dépassé. "C'est une proposition intéressante, mais il ne s'agit pas de renoncer au numéro d'enregistrement pour autant", a indiqué M. Brossat en pointant du doigt le fait que les autres plates-formes "n'ont pas fait la même proposition".